Le traumatisme causé à la population tunisienne par le carnage du musée du Bardo est-il en train de s’estomper ? En tout cas, les Tunisiens et leurs visiteurs se sentent un peu rassurés par les mesures prises par les autorités à divers niveaux. Le Président de l’Assemblée des Représentants du Peuple s’est réuni le 24 mars avec les responsables de la brigade de protection chargée de la sécurité du siège du Parlement, des consignes ont été données pour fouiller toute personne avant d’y accéder et pour que l’unité médicale basée en son sein soit équipée du matériel et des médicaments nécessaires. Comme les autorités semblant penser que le but réel de l’opération terroriste était d’attaquer le siège de l’ARP et que les auteurs se sont rabattus sur le musée, parce que, si ce dernier est bien un symbole de l’histoire de la Tunisie depuis 3000 ans, et de son évolution vers la modernité, il n’en reste pas moins que l’exécution d’un grand nombre de députés aurait eu une répercussion bien plus grande sur la marche du pays nécessitant au moins de nouvelles élections, d’où un désordre certain dont auraient pu profiter les cellules terroristes dormantes dont, et on s’en aperçoit de plus en plus, tout le territoire est infesté, avec des armements sophistiqués. On se souvient du chaos qui a régné en Egypte lorsque le Président Anouar Sadate a été assassiné avec plusieurs hautes personnalités lors d’un défilé militaire.
Grâce à la célérité des sécuritaires de l’Assemblée et de la BAT appelés en renfort, les dégâts, bien que très lourds, ont été limités si l’on pense que plusieurs cars de touristes stationnaient sur le parking commun au musée et à l’ARP, et si les vies perdues ou les blessures subies de nos visiteurs ne sauraient être négligées — un monument et une plaque commémorative ont été érigés sur les lieux du drame — la vie doit reprendre son cours et c’est pour cela que dès le 24 mars une cérémonie officielle a été organisée, en présence du tout-Tunis, par l’Office du tourisme tunisien, au cours de laquelle l’Orchestre symphonique de Tunis a animé le ballet-parade de Sihem Belkhoja sous le slogan “Le Monde est Bardo”. L’ouverture au public aura lieu dimanche prochain.
La mosquée Zitouna enfin délivrée de l’imam autoproclamé qu’est le cheikh Houcine Labidi et de ses acolytes ? On a pu l’espérer après la décision judiciaire émise le 25 mars par le Tribunal administratif de Tunis, enjoignant au cheikh de quitter immédiatement la mosquée, en application de la décision du 23 janvier du ministère des Affaires religieuses. Aussitôt l’imam contestataire a lancé un “appel aux étudiants et étudiantes, à tout le peuple et à ceux qui sont intéressés par l’enseignement zitounien” pour manifester le jeudi 26, à 8h du matin afin de “s’opposer à un plan visant l’abolition de cet enseignement”. Pas moins !
Le Secrétaire général du syndicat des imams, Fadhel Achour, a aussitôt réagi en affirmant qu’une intervention de la police était prévue pour “dégager l’intrus”, protégé par une milice d’une cinquantaine d’individus qui s’opposent régulièrement aux forces de l’ordre et squattent des commerces autour de la mosquée, il a ajouté que Houcine Labidi occupe ce poste suite à un document signé par trois ministres de la Troïka, fort de ce “droit”. Labidi a déposé le jour même trois requêtes au Tribunal : la 1ère demande l’arrêt de la décision du Tribunal administratif “de le déloger” de la mosquée ; le 2e fait appel de la décision du ministère des Affaires religieuses pour vice de procédure et le 3e conteste la compétence du TA dans cette affaire. En outre, il a déclaré à ses ouailles : “Vendredi, ils vont faire venir un autre imam, mais je ne quitterai pas le mihrab”.
Et pourtant il l’a quitté, samedi 28 mars et non vendredi, quand la police, accompagnée d’un huissier de justice, qui les a “évacués”, lui et ses acolytes, les serrures de la mosquée ont été changées et la Zitouna est maintenant sous contrôle des autorités tunisiennes. Force est restée à la loi et tous les démocrates espèrent qu’il en sera, peu à peu, de même pour toutes les mosquées qui sont encore aux mains des ennemis de la liberté !
Comme l’avait promis le ministre de l’Intérieur, la purge continue dans son administration, suite aux défaillances qui ont permis l’attentat sanglant contre le musée du Bardo, de hauts cadres de la région du Bardo et du Grand Tunis ont été limogés. Il s’agit des chefs de district du Bardo et du Sidi Béchir, du directeur de la police touristique, du chef de poste de la Sûreté nationale du Bardo et du chef de la section du renseignement.
Le Chef du gouvernement a déclaré le 24 mars à Cap FM qu’il s’agit là du premier volet d’une stratégie complète qui a été mise en place pour consolider et purger le ministère de l’Intérieur depuis la nomination de Mohamed Najem Gharsalli et que “les changements ne cesseront que lorsqu’il y aura une harmonie dans le travail”.
La protection des touristes qui ont le courage de venir en Tunisie en cette période délicate est particulièrement l’objet de la sollicitude du Chef du gouvernement qui a effectué mardi 24 une visite à Hammamet pour visiter et encourager les unités sécuritaires qui veillent sur la zone touristique de Yasmine Hammamet.
A travers tout le pays, des campagnes sécuritaires ont été menées : dans le Sud, deux individus dangereux ont été arrêtés à Deguech et Nafta, tandis qu’a Nabeul, 75 extrémistes religieux ont subi le même sort. Dans “l’affaire du Bardo”, ce sont 15 prévenus – dont un technicien de la TV tunisienne qui a été arrêté en possession des plans détaillés du siège de la TV -, qui ont fait l’objet de mandats de dépôt pour complicité et 5 autres ont été maintenus en garde à vue.