Les récentes précipitations qui ont arrosé le nord de la Tunisie ont redonné au Parc national de l’Ichkeul une partie de sa splendeur d’antan. Des photos partagées par Ameur Bahba sur sa page Facebook “L’Observatoire tunisien de la météo et du climat” illustrent la transformation impressionnante de ce site, autrefois marqué par une dégradation écologique notable.
En effet, dans les années 1990, la construction de barrages avait fortement limité l’apport en eau douce, provoquant une augmentation de la salinité du lac et une diminution alarmante des populations d’oiseaux migrateurs. Cette situation critique avait conduit à l’inscription du parc sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 1996, selon l’UNESCO.
Face à cette urgence écologique, des efforts considérables ont été entrepris par les autorités compétentes. La gestion optimisée des ressources en eau douce ainsi que la restauration des zones humides ont permis de revitaliser l’écosystème. Ces actions ont porté leurs fruits : le parc a non seulement vu le retour de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs, mais également la régénération de sa flore aquatique. Ces progrès ont conduit à son retrait de la Liste du patrimoine mondial en péril en 2006, d’après un rapport de l’UNESCO.
Cependant, des défis persistent. Mohamed Salah Glaïed, ingénieur et expert en gestion de l’eau, souligne qu’ : “Il est réjouissant de voir Ichkeul retrouver progressivement sa vitalité grâce aux récentes pluies, mais des solutions structurelles s’imposent pour garantir sa préservation à long terme. Nous savons que le lac Ichkeul est classé comme une zone humide d’importance internationale selon la Convention de Ramsar, un traité international adopté le 2 février 1971 à Ramsar, en Iran, visant à préserver et à utiliser durablement les zones humides en raison de leur rôle écologique, économique et scientifique essentiel. Face aux changements climatiques et à leurs impacts croissants, il est impératif de mettre en place des stratégies d’adaptation durables afin de préserver ce joyau naturel pour les générations futures”.
Parc national de l’Ichkeul : Un Trésor Écologique en Tunisie
Le Parc national de l’Ichkeul est un site naturel emblématique situé dans la plaine de Mateur, à environ 75 km au nord de Tunis, relevant du gouvernorat de Bizerte. Véritable refuge pour la biodiversité, il s’étend sur une superficie de 12 600 hectares et se compose de trois entités paysagères distinctes : le lac Ichkeul (environ 8 500 hectares), les marais environnants couvrant 2 737 hectares, ainsi que le Jebel Ichkeul, un massif calcaire dominant la région au sud, culminant à 511 mètres d’altitude.
Créé par le décret n° 80-1608 du 18 décembre 1980, le parc témoigne de l’engagement de la Tunisie en faveur de la préservation de ses richesses naturelles. Cependant, l’importance de l’Ichkeul dépasse largement les frontières nationales. En effet, le parc est reconnu comme l’une des quatre principales zones humides du bassin occidental de la Méditerranée, aux côtés de Doñana en Espagne, de la Camargue en France et d’El Kala en Algérie.
Ce site exceptionnel bénéficie d’une reconnaissance internationale, étant inscrit sur trois conventions majeures :
- En 1977, l’Ichkeul a été classé Réserve de la Biosphère par l’UNESCO, en raison de la présence d’une population autochtone vivant en harmonie avec l’écosystème et d’activités humaines axées sur la conservation des ressources naturelles.
- En 1979, le parc a rejoint la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en tant que dernier grand lac d’eau douce d’Afrique du Nord et site d’hivernage essentiel pour des centaines de milliers d’oiseaux migrateurs venus du paléarctique occidental.
- La Convention de Ramsar, en 1980, a également désigné le lac et les marais d’Ichkeul comme zone humide d’importance internationale, en raison de leur rôle crucial en tant que lieu d’hivernage pour des milliers d’oiseaux d’eau migrateurs. Parmi ces espèces, certaines sont d’ailleurs considérées comme menacées.