En marge de sa visite d’Etat prévue mardi et mercredi à Paris, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi a déclaré dans une interview à paraitre dans le journal Le Monde du mardi 7 avril 2015: « Il ne s’agit pas pour la Tunisie de tomber dans un Etat policier. Mais quand quelqu’un vient pour vous tuer et tuer tous ceux qui sont aux alentours, vous êtes en état de légitime défense ». Découvrez une partie de l’interview.
Le Monde
Qu’attendez-vous de la France à l’occasion de cette visite ?
BCE
Pour moi, il s’agit d’une visite d’amitié. Les relations tuniso-françaises remontent à très loin dans l’Histoire. Mais cette fois, la Tunisie se présente avec un nouveau visage après avoir réussi ses élections législatives et son scrutin présidentiel l’an dernier. Elle est devenue membre du club des nations démocratiques. C’est un nouveau visage. Mais pour que la Tunisie réussisse complètement cette transition démocratique, il faut aussi que la situation économique évolue. Actuellement, ce n’est pas le cas. La France est notre premier partenaire, nous souhaitons qu’elle comprenne mieux le problème. Nous sommes très ouverts à toute forme de coopération dans les domaines culturel, scientifique, économique, politique, social… et même sécuritaire.
Précisément sur la coopération sécuritaire, que peut apporter la France à la Tunisie ?
La France a les mêmes problèmes que nous en matière de combat contre le terrorisme. Nous avons déjà une coopération, ce n’est pas nouveau. Peut-être peut-on la renforcer. Peut-être que les événements récents en France et en Tunisie nous appellent à plus de concertation, à plus de coopération.
Sur la question de la sécurisation de la frontière, en particulier entre la Tunisie et la Libye, la France peut-elle jouer un rôle ?
Oui, bien entendu. Encore faut-il qu’elle puisse faire l’effort pour cela. Si elle peut le faire, c’est tant mieux. Si elle peut le faire dans une coopération plurielle avec d’autres partenaires amis, pourquoi pas… Mais j’insiste : nous ne voulons gêner personne.
Après l’attaque du Bardo, un discours sécuritaire s’est répandu au point d’inquiéter certaines organisations des droits de l’homme. Comment trouver un équilibre entre respect des libertés et efficacité antiterroriste ?
Nous respectons les libertés publiques. Il ne s’agit pas de tomber dans un Etat policier. En tout cas, j’y veillerai. Mais quand quelqu’un vient pour vous tuer et tuer tous ceux qui sont aux alentours, vous êtes en état de légitime défense. Il ne s’agit toutefois pas de remettre en cause les libertés publiques, la liberté d’expression, etc. Non, pas du tout. Nous pouvons concilier le combat contre le terrorisme et le respect des libertés publiques.
A.I