La chambre d’accusation a rendu son verdict. Elle a rejeté l’arrêt de la Cour de cassation et maintenu la qualification de crime contre l’avocate Sonia Dahmani, pour avoir dénoncé les conditions de détention dans les prisons tunisiennes.
Réagissant à cette nouvelle, Ramla Ayari, sœur de l’avocate, a exprimé sa frustration. « Ils ont rejeté l’arrêt de la Cour de cassation. Ils ont confirmé la qualification de crime. Comme si ce mot — crime— pouvait s’appliquer à des mots prononcés, à des idées exprimées, à une femme qui parle », écrit-elle, dénonçant un acharnement judiciaire qu’elle qualifie de « système organisé de répression ».
Dans une prose à la fois en colère et brisée, Ramla Ayari dénonce un traitement inhumain infligé à sa sœur : humiliation, déshumanisation, condamnation à deux ans et deux mois de prison pour ce qui n’est, selon elle, qu’un exercice de liberté d’expression. « Ils l’ont mise en prison, ils l’ont humiliée, ils l’ont condamnée, et maintenant ils la qualifient de criminelle », s’insurge-t-elle. « C’est un système qui détruit tout ce qui pense, tout ce qui résiste, tout ce qui ne se tait pas. »
Ramla Ayari a dénoncé « l’effondrement progressif » de Sonia Dahmani derrière les barreaux tout en y accusant le système judiciaire de dérive autoritaire : « Le droit est piétiné, la justice broyée… le crime désormais, c’est de parler. » Peut-on lire dans ledit post.
Arrêtée en mai 2024, Sonia Dahmani a été condamnée à deux ans et deux mois de prison pour des déclarations jugées critiques par les autorités. Elle est poursuivie dans plusieurs affaires sur la base du décret présidentiel 54, pour « diffusion de fausses nouvelles ». Après une première condamnation à huit mois de prison en appel en septembre 2024, elle a écopé en octobre dernier d’une peine supplémentaire de deux ans pour avoir dénoncé le racisme en Tunisie.