Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) a exprimé son inquiétude face à la montée des tensions à Mezzouna, dans un communiqué publié le 16 avril 2025. Il dénonce les violences verbales subies par une équipe de presse et appelle les autorités à garantir la protection des journalistes sur le terrain.
Le Syndicat a suivi avec préoccupation l’évolution de la situation à Mezzouna, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, après la tragique disparition de trois élèves suite à l’effondrement d’un mur dans le lycée secondaire de la ville.
Dans son communiqué, le SNJT a rapporté que des affrontements ont eu lieu entre les habitants de la région et les forces de l’ordre, et ce, jusque tard dans la nuit du 15 avril. Le Syndicat a précisé que l’équipe du site Babnet Tunisie a été victime d’agressions verbales de la part de membres des forces sécuritaires. Il a assuré le suivi de la situation jusqu’au départ de l’équipe de presse du lieu.
Le SNJT a fermement condamné cet acte, le qualifiant d’atteinte à la liberté de la presse et à l’intégrité des journalistes. Il a appelé le ministère de l’Intérieur à engager des poursuites contre les responsables et à rappeler à ses agents l’obligation de respecter le travail des journalistes.
Le Syndicat a rappelé que la couverture des interventions des forces de l’ordre par les médias s’inscrit dans un cadre de contrôle citoyen, garantissant le respect de la loi et des droits humains. Il a souligné que les journalistes ne doivent en aucun cas être perçus comme des parties prenantes dans les événements qu’ils couvrent, leur mission étant de relater les faits avec objectivité.
Dans ce contexte, le Syndicat a émis plusieurs recommandations destinées aux journalistes couvrant les manifestations à Mezzouna, afin de renforcer leur sécurité :
- Préparer minutieusement la couverture, en coordonnant à l’avance avec les différents acteurs sur le terrain, y compris les manifestants et les forces de l’ordre ;
- Présenter leur carte de presse sur demande et porter des signes distinctifs visibles (gilets, brassards) pour éviter toute confusion ou ciblage ;
- Éviter de se positionner dans les zones de confrontation directe entre manifestants et forces de sécurité ;
- Se tenir à distance des rassemblements jugés à risque ;
- Prendre en compte l’évolution du contexte psychologique des deux parties (manifestants et forces de l’ordre) et prévoir un plan pour gérer les situations tendues ;
- Limiter leur présence au cœur des manifestations pour éviter toute réaction hostile en cas de tension ;
- Travailler en groupe pour plus de sécurité ;
- Ne pas se mêler aux manifestations et rester neutre ;
- Faire preuve de solidarité entre confrères et documenter toute agression visant un journaliste.
Le Syndicat a également recommandé aux photographes et caméramans d’utiliser des objectifs adaptés permettant de travailler à distance, afin d’éviter les zones de danger.
Enfin, le SNJT a appelé les rédactions à mettre en place un point de contact sécurisé pour assurer une communication continue avec leurs journalistes présents sur le terrain, et à leur fournir une assistance rapide en cas de besoin. Il a rappelé que les professionnels peuvent joindre à tout moment l’unité de veille du Centre de la sécurité professionnelle du SNJT pour signaler toute agression ou demander une intervention urgente.