Le Fonds monétaire international (FMI) a publié mardi une révision significative de ses Perspectives de l’économie mondiale, marquée par des baisses généralisées des prévisions de croissance pour la plupart des pays. Cette mise à jour, réalisée en seulement dix jours après l’annonce par les États-Unis de nouvelles mesures protectionnistes, reflète l’impact croissant des tensions commerciales sur l’activité économique globale.
Une croissance mondiale en net ralentissement
L’institution financière internationale a abaissé ses prévisions de croissance mondiale de 0,5 point de pourcentage à 2,8% pour 2025, et de 0,3 point à 3% pour 2026. Ces chiffres représentent un net recul par rapport aux projections de janvier qui tablaient sur 3,3% de croissance pour ces deux années. Parallèlement, l’inflation devrait diminuer plus lentement que prévu, atteignant 4,3% en 2025 et 3,6% en 2026, avec des révisions particulièrement marquées pour les économies avancées.
Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, a souligné que le système économique mondial traversait une période de profonde transformation. « Nous entrons dans une nouvelle ère alors que le système économique mondial qui a fonctionné pendant les 80 dernières années est en cours de réinitialisation« , a-t-il déclaré aux médias occidentaux. La transition dont il est question s’accompagne d’une incertitude politique sans précédent et de niveaux record de droits de douane, les plus élevés depuis un siècle.
Des retombées différenciées selon les régions
Les États-Unis subissent particulièrement ce ralentissement, avec des prévisions de croissance revues à la baisse de 0,9 point à 1,8% en 2025 et de 0,4 point à 1,7% en 2026. Le FMI estime désormais à 37% la probabilité d’un ralentissement économique américain, contre 25% précédemment. L’inflation y est attendue à 3% en 2025, soit un point de plus que les projections de janvier.
L’Europe n’est pas épargnée, avec une croissance prévue à seulement 0,8% dans la zone euro en 2025. L’Allemagne, locomotive traditionnelle du continent, pourrait même stagner avec 0% de croissance cette année. Seule l’Espagne fait exception avec une prévision revue à la hausse à 2,5%.
En Asie, la Chine voit ses perspectives réduites à 4% de croissance pour 2025 et 2026, malgré les mesures de stimulation budgétaire mises en place par Pékin. Le Japon devrait quant à lui limiter sa croissance à 0,6% cette année.
Des perspectives inquiétantes pour le commerce mondial
Le FMI a particulièrement insisté sur la dégradation des échanges internationaux, avec une croissance du commerce mondial attendue à seulement 1,7% en 2025, soit moitié moins qu’en 2024. La contraction reflète l’accélération de la fragmentation de l’économie mondiale et la montée des barrières commerciales.
Pierre-Olivier Gourinchas a souligné l’urgence de rétablir un cadre commercial prévisible, tout en reconnaissant la résilience actuelle du système monétaire international. Les perspectives à moyen terme restent cependant préoccupantes, avec une croissance potentielle estimée à seulement 3,2% sur les cinq prochaines années, bien en deçà de la moyenne historique de 3,7% enregistrée entre 2000 et 2019.
L’analyse du FMI intervient alors que les marchés financiers manifestent une nervosité croissante face à l’escalade des tensions commerciales et aux incertitudes politiques, particulièrement aux États-Unis où l’indépendance de l’institution émettrice de la première économie mondiale, la Réserve fédérale, est de plus en plus questionnée.
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