L’OPEP+, soit les pays alliés de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétole, pourrait une nouvelle fois revoir à la hausse sa production pétrolière dès juin, selon plusieurs sources internes. Cette décision, qui serait la deuxième accélération consécutive, intervient dans un climat de tensions croissantes entre les membres du cartel, certains pays bafouant allègrement leurs quotas de production.
Une chute des prix et des divisions persistantes
Les cours du brut ont connu un plongeon spectaculaire en avril, atteignant leur plus bas niveau depuis quatre ans. En cause : la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, mais surtout la décision surprise de l’OPEP+ d’augmenter sa production de 411 mille barils par jour en mai, soit trois fois plus que prévu initialement. Une annonce qui a immédiatement fait trembler les marchés.
Le Brent, référence mondiale, a dévissé de 2,7 % à 65,30 dollars le baril, tandis que le WTI (brut américain) a accusé une baisse de 3,1 %, tombant à 68,6 dollars. Face à cette volatilité, plusieurs membres de l’OPEP+ envisagent désormais de reproduire en juin la même augmentation qu’en mai. Une réunion cruciale est prévue le 5 mai pour trancher.
L’Arabie saoudite, première exportatrice de brut au monde, a vivement réagi après que le Kazakhstan et l’Irak ont largement dépassé leurs quotas. Le royaume a donc accru sa propre production en mai, exigeant une meilleure discipline. Mais Almaty a clairement fait savoir qu’il privilégierait ses intérêts nationaux plutôt que ceux du cartel.
« Nous ne pouvons pas réduire la production des compagnies indépendantes ni fermer nos champs pétroliers, sous peine de menacer notre future capacité », a martelé le ministre kazakh de l’Énergie. Une déclaration qui en dit long sur les fractures au sein du groupe.
Des exportations en hausse malgré les promesses
Si le Kazakhstan a légèrement réduit sa production de 3 % début avril par rapport à mars, il reste au-dessus des limites fixées. L’Irak, quant à lui, continue d’exporter davantage qu’en mars, selon les données de Kpler, un observateur du secteur.
Du côté des partisans d’une approche modérée, la Russie plaide pour une augmentation progressive de 135 mille barils par jour, afin d’éviter un effondrement des prix. « L’OPEP+ pourrait prolonger ses réductions de production jusqu’en juillet », estime Amrita Sen, d’Energy Aspects, dont les propos ont été rapportés par Reuters.
Alors que la demande mondiale reste incertaine, l’OPEP+ marche sur une corde raide. Entre pays indisciplinés et défenseurs d’une stratégie prudente, la réunion du 5 mai s’annonce houleuse.
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