Le système public de collecte et de valorisation des déchets plastiques, Eco-Lef, traverse une crise profonde. Les Chambres nationales des collecteurs et recycleurs, rattachées à l’UTICA, sonnent le tocsin d’alarme face à un risque imminent d’effondrement. En sus, elles appellent à une mobilisation urgente des autorités pour sauvegarder ce dispositif essentiel à l’économie circulaire.
Un recul accéléré
Le constat est sans appel : le secteur, qui comptait 180 entreprises en 2004, n’en dénombre plus que 30 aujourd’hui. Parmi elles, seulement 10 se consacrent à la collecte et 20 au recyclage. Nonobstant les objectifs environnementaux fixés par les décrets 1102/97 et 843/2001, les performances d’Eco-Lef se dégradent depuis deux ans.
A cela s’ajoutent deux défis majeurs. D’une part, les coûts d’approvisionnement en plastique usagé ont flambé, grévant la rentabilité des acteurs. D’autre part, le secteur informel, échappant à toute régulation, fausse la concurrence. Toujours est-il que ces pressions conjuguées menacent la survie même des entreprises encore en activité.
Qu’en est-il du cadre institutionnel ?
Le financement d’Eco-Lef repose sur le Fodep, alimenté par une contribution de 7 % des industriels. Par ailleurs, ce mécanisme, bien que crucial, montre aujourd’hui ses limites. Les professionnels réclament une revalorisation du prix d’achat des déchets plastiques, arguant que les recycleurs sont prêts à assumer une partie des surcoûts.
Au demeurant, leurs demandes restent lettre morte. Ni l’ANGED ni le ministère de l’Environnement n’ont répondu à leurs sollicitations. Pire, cette inertie contraste avec l’urgence écologique : chaque année, 500 000 tonnes de plastique tunisien finissent en mer, selon le WWF. En sus, le pays génère 2,5 millions de tonnes de déchets annuels, dont 10 % en plastique.
Dans ce contexte, les responsables sectoriels dénoncent une gestion défaillante. Ils vont jusqu’à exiger la démission du directeur de l’ANGED, invoquant l’impératif de redevabilité énoncé par le chef de l’État. Reste à savoir si cet avertissement suffira à relancer une machine institutionnelle aujourd’hui à l’arrêt.
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