En tournée dans le Golfe, le président américain Donald Trump s’est entretenu ce mercredi 14 mai 2025 à Ryadh avec le président syrien Ahmed al Charaa. Cette rencontre marque un tournant diplomatique sans précédent au Moyen-Orient, et en particulier pour la Syrie. Cette rencontre, facilitée par une médiation conjointe du président turc Recep Tayyip Erdogan et du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, s’inscrit dans une dynamique de réconciliation régionale et de réintégration de la Syrie dans le concert des nations après des années de guerre civile sanglante.
Le simple fait que le président américain serre la main d’un ancien ennemi est déjà en soi un symbole fort. Ahmed al Charaa, ancien djihadiste ayant combattu les troupes américaines en Irak dans les années 2000, était encore récemment qualifié de “terroriste” par Washington. Devenu président d’une Syrie exsangue mais en quête de reconstruction, il représente désormais une figure de transition, voire de résilience nationale, dans un pays qui tente de se relever de plus d’une décennie de conflits.
Ce tête-à-tête avec Donald Trump est donc aussi un message politique : les lignes bougent, les anciens ennemis peuvent devenir des interlocuteurs incontournables dans une région en pleine recomposition. La présence d’acteurs influents comme Erdogan et Mohammed ben Salmane dans l’ombre de cette rencontre confirme d’ailleurs la volonté partagée de stabiliser la région, notamment en intégrant la Syrie dans une nouvelle architecture de sécurité régionale.
L’annonce concomitante par Donald Trump de la levée des sanctions américaines contre la Syrie marque un geste fort d’ouverture, sans doute motivé autant par des intérêts économiques que géopolitiques. Après des années d’isolement, la Syrie pourrait ainsi bénéficier d’un accès à des investissements étrangers, d’une réintégration progressive dans les circuits économiques mondiaux et d’un soutien pour la reconstruction de ses infrastructures dévastées.
Washington, de son côté, semble vouloir reprendre pied dans un pays où la Russie et l’Iran ont acquis une influence considérable. Cette levée des sanctions peut être vue comme une tentative de contrebalancer cette influence, en ouvrant une porte à une coopération — même limitée — avec le nouveau pouvoir syrien.
M.A.B.S.