Le Bureau régional de l’ONUDC pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (ROMENA) a donné le coup d’envoi, ce lundi 16 juin à l’hôtel Mövenpick du Lac, à un atelier régional de quatre jours consacré à la Thérapie par agonistes opioïdes (OAT), une approche fondée sur des données probantes pour traiter la dépendance aux opioïdes.
L’événement, réunit des experts de santé publique, des représentants gouvernementaux, des chercheurs et des acteurs internationaux venus de toute la région MENA, s’inscrit également dans la dynamique de la Journée mondiale contre la drogue 2025, et vise à favoriser une approche collaborative pour faire face aux troubles liés à l’usage d’opioïdes, une problématique de santé publique en nette progression dans la région.
L’ouverture officielle a été marquée par la présence du ministre de la Santé, le Professeur Mustapha Ferjani, ainsi que de Hanin Ben Jrad, Directrice de la paix et de la sécurité internationales, ministère des Affaires étrangères, et de Lassad Soua, Directeur de pays de l’ONUSIDA Tunisie.
Au cœur de l’événement : le partage d’expériences nationales et la réflexion stratégique. Des figures majeures de la lutte contre les addictions dans la région ont été mises à l’honneur, parmi lesquelles Dr. Raghda Elgmail, Dr. Zeinab Abbas, Dr. Mohamed ElMozariahi et Pr. Haïfa Zalila.
Une expertise multidisciplinaire mobilisée
Durant la première journée, les échanges ont permis de dresser un état des lieux mondial et régional de la consommation de drogues et du VIH, avec notamment les interventions de la Dr. Monica Ciupagea, experte mondiale sur la consommation les drogues et le VIH à l’ONUDC, et du Dr Tariq Sonnan, coordinateur régional VIH à l’ONUDC.
La deuxième partie de journée a plongé les participants dans les principes cliniques de la TAO. Dr Raghda Elgamil a présenté les enjeux du traitement des dépendances, tandis que Dr Zeinab Abbas a détaillé les propriétés pharmacologiques des médicaments comme la méthadone et la buprénorphine.
Une table ronde interactive a permis d’aborder les obstacles concrets à l’implémentation des programmes TAO, tels que la disponibilité des médicaments, la formation des personnels et les résistances institutionnelles. Le Pr Haïfa Zalila a insisté sur l’importance d’adapter les réponses aux contextes locaux, notamment en matière de genre et de vulnérabilité sociale.
Une stratégie régionale en gestation
Au fil des jours, l’atelier doit permettre d’élaborer des feuilles de route stratégiques pour chaque pays représenté, dans une logique d’harmonisation et de mutualisation des efforts.
Le deuxième jour a été consacré à l’approfondissement des protocoles cliniques et aux discussions sur le choix des traitements dans des environnements à ressources limitées. Dr Monica Ciupagea a introduit les dernières avancées internationales en matière de traitement et de réduction des méfaits.
En accueillant cet atelier, la Tunisie affirme son engagement à lutter contre les addictions avec une approche humaine, scientifique et coordonnée. Le pays, qui a récemment renforcé son programme de méthadone, ambitionne de devenir un modèle de coopération régionale en matière de santé publique et de réduction des risques.
Une dynamique qui ne fait que commencer
Entre les séances, les panels d’experts, les visites de terrain et les groupes de travail, les participants auront jusqu’au 19 juin pour tisser des alliances durables, proposer des pistes concrètes et renforcer leur plaidoyer en faveur de systèmes de santé inclusifs et réactifs face aux défis de l’addiction.