Alors que les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique ont connu une progression spectaculaire de 75% en 2024 pour atteindre 97,03 milliards de dollars, selon le dernier rapport de l’ONU Commerce et Développement, la Tunisie enregistre une croissance plus modeste mais significative de 21%, avec 936 millions de dollars d’IDE captés.
L’Egypte domine le panorama africain
Le rapport révèle une concentration extrême des flux d’investissements sur le continent. L’Egypte absorbe à elle seule près de la moitié du total africain avec 46,57 milliards de dollars, principalement grâce au méga-projet de développement de Ras El-Hekma. Ce projet pharaonique, financé par le fonds souverain d’Abu Dhabi, vise à transformer cette péninsule en un pôle touristique et financier de classe mondiale.
Sans cette opération exceptionnelle, la croissance des IDE en Afrique se serait établie à 12%, représentant environ 62 milliards de dollars. Cette donnée souligne à la fois l’importance des grands projets d’infrastructure et la fragilité des statistiques continentales.
Avec ses 936 millions de dollars d’IDE, la Tunisie se positionne loin derrière les leaders continentaux mais maintient une trajectoire ascendante. Cette performance place le pays dans le peloton de tête nord-africain, même s’il reste distancé par le Maroc (1,63 milliards de dollars, +55%).
L’analyse régionale montre que l’Afrique du Nord dans son ensemble a connu une croissance phénoménale de 277% des IDE, principalement tirée par l’Egypte. Les autres régions africaines affichent également des résultats positifs : +44% pour l’Afrique australe, +13% pour l’Afrique centrale et +12% pour l’Afrique de l’Est. Seule l’Afrique de l’Ouest enregistre un recul de 7%.
Diversification des investisseurs et des secteurs
Le rapport met en lumière l’évolution des profils d’investisseurs en Afrique. Les Européens conservent leur position dominante en termes de stocks d’IDE, suivis par les Américains et les Chinois. Ces derniers, avec 42 milliards de dollars d’investissements, diversifient progressivement leurs engagements vers des secteurs comme la pharmacie et l’agroalimentaire.
Un tiers des projets chinois liés à l’initiative « Nouvelles Routes de la Soie » se concentrent désormais sur les infrastructures sociales et les énergies renouvelables, marquant un tournant dans la stratégie d’investissement de Pékin sur le continent.
Dans ce contexte, la Tunisie fait face à un double défi : attirer davantage d’investissements tout en diversifiant leurs origines et secteurs d’activité. La croissance de 21% enregistrée en 2024, bien qu’encourageante, montre que le pays doit encore améliorer son attractivité pour rivaliser avec les économies africaines les plus dynamiques.
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