À travers une publication poignante sur sa page Facebook, le maestro Mohamed Rouatbi, figure respectée de la scène musicale tunisienne, a lancé un cri sincère et percutant sur une question devenue taboue : la marginalisation des artistes des régions dans les programmations culturelles de la capitale.
À travers une publication poignante sur sa page Facebook, le maestro Mohamed Rouatbi, figure respectée de la scène musicale tunisienne, a lancé un cri sincère et percutant sur une question devenue taboue : la marginalisation des artistes des régions dans les programmations culturelles de la capitale.
«Une question me hante sans relâche, écrit-il. Pourquoi voit-on toujours les mêmes noms sur les scènes musicales de Tunis ? Où sont les autres ? Où est notre place ? »
Par ces mots, Mohamed Rouatbi ne remet pas en cause la qualité des artistes régulièrement mis en avant. Il reconnaît leur talent, leur expérience, leur contribution au rayonnement culturel. Mais il souligne avec justesse que la diversité artistique du pays ne se limite pas à quelques figures emblématiques, aussi brillantes soient-elles.
De nombreux musiciens professionnels, engagés et talentueux œuvrent dans les régions, souvent loin de la lumière des projecteurs et de l’attention des programmateurs. Ils créent, innovent, rassemblent des publics, mais peinent à franchir les frontières invisibles qui les séparent des grandes scènes nationales.
« Ce n’est ni de la jalousie ni de la rancœur, poursuit-il. C’est une frustration profonde, un sentiment d’exclusion que beaucoup d’entre nous partagent. Nous ne demandons pas des privilèges, simplement une opportunité. »
Par cet appel, Rouatbi pointe du doigt un déséquilibre structurel : l’absence de politique équitable en matière de diffusion artistique et l’indifférence des institutions à l’égard des créateurs en dehors du centre.
Ce témoignage bouleversant devrait inciter les responsables culturels à repenser leurs mécanismes de sélection, à ouvrir l’espace culturel à tous les talents, quel que soit leur lieu d’ancrage. Car une culture nationale vivante ne peut exister sans inclusion, renouvellement et justice.
Med Ali Sghaïer