La scène millénaire de Dougga continue de vibrer au rythme des talents tunisiens et internationaux. Après trois soirées aux sonorités contrastées mais toutes aussi envoûtantes, la quatrième soirée du Festival International de Dougga 2025 a offert au public une expérience musicale mémorable, portée par l’énergie brute de l’artiste tunisien JenJoon, de son vrai nom Omar Twihri, figure emblématique de la scène underground tunisienne.
L’artiste a relevé le défi d’allier son univers urbain à l’élégance d’un orchestre symphonique. Pour l’occasion, Cadences Orchestre, un ensemble musical composé de plus de 30 musiciens, l’a accompagné sur scène, aux côtés d’un chœur dynamique issu du projet Tunisia88, une initiative citoyenne soutenant 590 clubs de musique lycéens à travers tout le pays. Ces jeunes talents, formés à la créativité et au leadership, ont apporté une profondeur humaine et artistique à cette soirée.
La première partie du concert a été soigneusement orchestrée. JenJoon a interprété un large éventail de titres mêlant introspection, mémoire collective et engagement social. Le public, principalement composé de jeunes et d’adolescents, a repris en chœur des morceaux tels que Mdayda, Chweraa tafiya, ou encore la reprise audacieuse de Fly me to the Moon.
Une deuxième partie libérée, un message politique assumé
La deuxième partie de la soirée a marqué un tournant plus libre, presque explosive. JenJoon, seul en scène avec son DJ, a livré un set brut, énergique, presque incandescent. Il a interprété des titres plus récents et plus provocateurs comme Zin Ezzin et Doggi Bebi.
La dernière chanson, Aradhina, a été dédiée à la cause palestinienne, dans un moment fort de la soirée. Le rappeur y a glissé une critique assumée des dirigeants arabes, déclenchant une réaction enthousiaste d’un public visiblement en phase avec ses messages.
Interrogé par Réalités Online après sa performance, JenJoon a déclaré : « Je suis libre de m’exprimer comme tout autre artiste dans une Tunisie libre, où la liberté d’expression est respectée ». Il a également affirmé travailler avec son équipe sur une éventuelle participation à des scènes internationales, à l’image de Nordo récemment présent au festival Mawazine. « On y croit, on s’y prépare, et on va y arriver. Avec Cadences Orchestre, l’histoire ne fait que commencer. »
Cette 4e soirée s’inscrit dans une programmation diversifiée et ambitieuse, reflet de la richesse de la scène artistique actuelle. Le festival avait été inauguré en beauté par Eya Daghnouj, étoile montante du chant tunisien, le lendemain, Tul8te, phénomène égypto-arabe, avait électrisé Dougga avec un concert libre, flamboyant, revendicatif.
La troisième soirée, avait mis en lumière la voix suave et cosmopolite de Cindy Latty, une performance tout en finesse, saluée par le public.
L’édition 2025 du Festival International de Dougga confirme son orientation résolument jeune, innovante et engagée. Les artistes programmés jusqu’ici ont su séduire par leur diversité, leur talent, mais aussi leur sincérité. Entre musique classique, rap, soul et engagement social, Dougga n’est plus seulement un vestige du passé : c’est aussi un miroir de la Tunisie d’aujourd’hui, vibrante, critique, libre et en pleine mutation.