Le constat est alarmant : la consommation de cannabis chez les adolescents tunisiens âgés de 15 à 17 ans a été multipliée par quatre entre 2013 et 2021. Cette évolution inquiétante a été révélée ce mardi 2 juillet 2025 par Nabil Ben Salah, chargé du dossier de l’addiction au ministère de la Santé, lors de la 22e session « Population et Santé Reproductive » organisée par l’Office National de la Famille et de la Population (ONFP). Le thème de cette rencontre, « Famille et addiction : réalités et attentes », souligne l’importance du rôle familial dans la prévention et la prise en charge des addictions.
Face à cette hausse rapide et préoccupante de la consommation chez les jeunes, le ministère de la Santé a mis en place depuis 2021 une stratégie nationale globale visant à prévenir les addictions, réduire les risques, offrir un traitement médical adapté et faciliter la réinsertion sociale et professionnelle des personnes dépendantes. Cette stratégie s’efforce également de créer un environnement favorable qui permet aux usagers d’accéder facilement aux services de soins tout en luttant contre la stigmatisation sociale qui les marginalise souvent.
Pour mieux cerner l’ampleur du phénomène, une plateforme de collecte de données a été instaurée afin de recenser régulièrement le nombre de personnes souffrant d’addiction ainsi que les types de drogues en circulation dans le pays. Cette démarche s’inscrit dans une volonté d’appuyer les décisions politiques sur des informations actualisées et fiables, grâce à la collaboration de plusieurs ministères et institutions concernées.
Sur le terrain, la Tunisie dispose de structures spécialisées dans la prise en charge des addictions. En plus des services psychiatriques dans les hôpitaux publics, le centre de désintoxication Amal, situé à Djebel Oust dans le gouvernorat de Zaghouan, joue un rôle majeur dans le traitement et la réinsertion des patients dépendants. Ce centre, réactivé en 2019, accueille environ 1300 patients par an, offrant un accompagnement médical et psychosocial essentiel pour leur réhabilitation.
Le ministère de la Santé s’engage également à renforcer et étendre son réseau de soins. Ainsi, une clinique spécialisée en addictologie ouvrira ses portes à Sfax dès ce mois de juillet, tandis que le centre de traitement des addictions de Thyna, également dans la région de Sfax, fait l’objet de travaux de réhabilitation et de modernisation. Par ailleurs, un nouveau centre sera inauguré dans la région du Sahel avant la fin de l’année, afin de rapprocher les services des personnes concernées.
Par ailleurs, le ministère envisage la création d’unités spécifiques dédiées aux adolescents en situation d’addiction au sein des centres de l’ONFP. Ce projet vise à répondre aux besoins particuliers des jeunes, qui se retrouvent souvent en marge des structures classiques pour adultes et nécessitent un accompagnement adapté à leur âge et à leur contexte psychologique.