Une récente étude menée par le FTDES et l’Université de Sfax révèle que sept migrants subsahariens sur dix en situation irrégulière en Tunisie expriment une méfiance marquée envers les organisations internationales. Ces résultats, présentés au Cinéma Le Rio à Tunis, s’appuient sur une enquête de terrain conduite durant le premier semestre 2024 auprès de 402 personnes.
L’enquête montre que la majorité des migrants (85%) sont entrés en Tunisie par voie terrestre, principalement depuis l’Algérie (60%) et la Libye (25%). Seuls 14% sont arrivés par voie aérienne sans visa. Bien que 27% des personnes interrogées disposent d’un diplôme universitaire, leurs conditions de vie restent particulièrement difficiles. Les chercheurs constatent une féminisation des flux migratoires, les femmes représentant désormais 27% des effectifs, ainsi qu’une augmentation des migrations familiales.
Les données recueillies dressent un tableau préoccupant de la situation des migrants. Quatre-vingt-cinq pour cent déclarent n’avoir bénéficié d’aucune assistance des organisations internationales. Les violences physiques touchent 40% des répondants, tandis qu’un sur cinq rapporte avoir subi une exploitation au travail. Trente pour cent présentent des symptômes de stress post-traumatique. Ces chiffres contredisent les discours politiques évoquant une « invasion », montrant plutôt une population vulnérable confrontée à de multiples difficultés.