Les 22 et 23 avril s’est tenue, dans le cadre enchanteur de l’Hôtel Alhambra Thalasso de Yasmine Hammamet la 18e session du Forum international de Réalités, dont le sujet portait cette année sur “la Tunisie post-élections et les enjeux régionaux”.
Des panels formés d’hommes politiques, d’hommes d’affaires, de journalistes de renom, de diplomates, ont tenté de répondre à des questions très importantes pour l’évolution et le devenir d’une Tunisie qui se veut en accord avec le siècle : un plan Marshall est-il d’actualité. Quel modèle économique faut-il choisir ? Quelle stratégie de défense contre le terrorisme, intérieur et extérieur, doit-elle adopter pour plus d’efficacité ?
C’est parce que je pense que rien de durable ne pourra être fait dans notre pays tant qu’on n’aura pas éradiqué ce cancer, j’ai choisi donc, cette semaine, de parler d’un projet de loi qui va retenir notre attention dans les jours qui viennent.
Le projet de loi n°25/2015, relatif à “la répression des atteintes contre les forces armées” —(Police, Garde nationale, Armée et Douane) — approuvé le 8 avril par le Conseil des ministres, sera examiné le 5 mai par l’Assemblée des Représentants du Peuple en séance plénière. Pourtant, ce texte est beaucoup plus important que d’autres qui ont été votés en priorité, mais ce n’est pas de ce retard dont je veux parler aujourd’hui. Ce qui est en jeu, c’est l’ambiance qui entoure la présentation de ce texte, qui soulève un tollé dans une certaine presse locale et sur les réseaux sociaux, qui le présentent comme un projet de loi liberticide et contraire à l’esprit de la Révolution tunisienne. Il a pourtant été approuvé par un gouvernement constitué à la suite d’élections libres et au sein duquel se côtoient quatre partis élus démocratiquement et pour lesquels les Droits de l’Homme sont l’un des fondements de leur credo.
D’après “La Presse” du 21 avril, “Ce texte montre une animosité infondée et gratuite de la part des autorités politiques et sécuritaires à l’encontre de la société civile”. En étudiant quelques articles de ce projet, je ne trouve rien qui justifie cette critique, car à la fin que punit ce texte ? Quoi de plus logique que l’article 3 qui stipule que l’“Etat est tenu de protéger ses forces armées contre les agressions et menaces qui leur sont faites à l’occasion de l’exercice de leur fonction”, faut-il leur demander de se laisser assassiner sans réagir ? Quant à l’article 4 est puni ce qu’on appelle “attentat contre les secrets de défense nationale”, doit-on les laisser à portée de tout un chacun pour qu’on puisse les utiliser contre l’Etat ? L’article 10 punit “quiconque a pénétré dans des locaux non ouverts au public” ou “qui a accédé à des équipements ou véhicules militaires”, peut-on croire qu’il n’avait pas l’intention de les utiliser ou de les saboter ?
On pourrait continuer à prendre les articles un à un, on trouverait toujours qu’il s’agit de protéger les sécuritaires contre des individus susceptibles de nuire à des personnes ou des locaux, en vue de les mettre hors d’état d’assurer leur mission sur le champ ou à plus longue échéance. C’est pour cela que j’estime que ceux qui s’opposent au vote de ce projet — comme de l’ensemble de la loi contre le terrorisme et le blanchiment d’argent dont il fait partie — ont des intentions évidentes d’affaiblir le jeune Etat tunisien qui lutte pour sa survie contre des ennemis qui prennent de plus en plus d’assurance, descendent maintenant de leurs refuges montagnards pour s’installer dans les villes. Comment l’UGTT, le SNJT, l’Ordre des avocats — qui, tous, ont lutté pendant la Révolution contre le régime de Ben Ali, et pendant trois ans contre celui de la Troïka — peuvent-ils voir dans des projets de loi de ce genre une atteinte aux Droits de l’Homme, quand il s’agit justement d’empêcher la venue de régimes barbares, pires que tout ce qu’on a connu dans l’histoire contemporaine. Et c’est justement pour cela que des ministres comme Kamel Jendoubi, Latifa Lakhdar, Mahmoud Ben Romdhane, connus pour leur passé militant en matière de Droits de l’Homme — et qui ont souffert pour les défendre — ont souscrit à ce projet de loi au sein du gouvernement actuel, ce qui étonne un journaliste d’un quotidien de la place qui se reconnaîtra s’il lit ce papier…
Des “anciens” qui veulent “faire du neuf” : Avec Moncef Marzouki, tout est toujours flou : on attendait pour le 25 avril un congrès de la Mouvance du Peuple des Citoyens, on n’a eu que “le lancement des travaux” de ce que l’ancien président qualifie maintenant de “réseau d’associations et d’organismes dont l’action vise à aider la Tunisie sur les plans économiques, social et politique”. Il n’a plus parlé du CPR, mais étaient présents Imed Daïmi et Salim Ben Hamidène.…
Quant à Hamadi Jebali, il a annoncé le 26 avril qu’il n’avait pas l’intention de retourner à Ennahdha, mais de créer un “Front pour défendre les libertés et l’expérience tunisienne”, et cela en regroupant l’opposition “qui est éparpillée et absente de l’Assemblée”.