Selon une étude récente établie par la direction générale des études et de la coopération internationale de la BCT sous le titre de “conjoncture économique et financière mondiales” plusieurs menaces risquent d’avoir des répercussions néfastes sur l’économie tunisienne.
C’est ainsi que les recettes d’un secteur, aussi fondamental pour l’économie tunisienne que le tourisme, pourraient régresser de 20% cette année par rapport à l’an dernier.
En effet, outre la crise que connaît le secteur touristique depuis 2011, l’opération terroriste dramatique perpétrée contre le musée du Bardo le 18 mars a eu un impact catastrophique auprès des principaux tour-opérateurs ce qui a engendré une marginalisation de la destination Tunisie.
Certes, le ministère du Tourisme, l’ONTT et les professionnels du tourisme : FTH et FTAV sont en train de déployer de gros efforts pour rassurer les tour-opérateurs lors des différents salons touristiques et à travers la campagne de communication déployée sur les plus importants marchés européens émetteurs de touristes, permettront de corriger l’image de notre pays.
Les mesures prises récemment pour sécuriser les zones touristiques notamment celles de Hammamet et de Djerba, sont de nature à renforcer le sentiment de sécurité chez les touristes potentiels et les tour-opérateurs.
Mais il semble que l’image véhiculée par les médias audiovisuels européens et français lors de l’attentat du Bardo a eu un impact profond sur l’opinion publique. Depuis quatre ans, les différents ministres du Tourisme se sont évertués à “sauver la haute saison” chaque fois qu’un événement sécuritaire éclatait : une politique à efficacité limitée car valable seulement à court terme.
Or, nous devons nous armer pour cohabiter à moyen terme avec le terrorisme tout en luttant contre ses racines et toutes ses manifestations avant de pouvoir l’éradiquer de façon définitive à terme.
C’est pourquoi outre le sauvetage de la haute saison, qui s’approche à grands pas, nous devons prendre des mesures de nature à pérenniser l’activité touristique tout au long de l’année et pour toujours, nonobstant les évènements sécuritaires auxquels doivent faire face plusieurs pays y compris la France. Les professionnels du tourisme constatent pour cette année une régression des touristes français et russes alors que les marchés allemand et anglais se maintiennent à leur niveau de 2014, ainsi les Français qui étaient 1,4 million à visiter notre pays ne sont plus que 700.000.
Les hôteliers proposent pour le sauvetage de la haute saison de mettre l’accent sur le tourisme intérieur et promouvoir le marché algérien.
C’est ainsi que des accords ont été conclus avec 17 agences de voyage algériennes. D’ailleurs, un budget de communication de 750.000 D sur trois ans sera consacré à ce marché prometteur.
La FTH appelle le ministère du Tourisme à intervenir auprès des autorités bancaires pour accorder des crédits de campagne aux hôtels fermés afin de leur permettre une réouverture réussie car il est fondamental que les hôteliers puissent améliorer la qualité de leurs services si nous voulons fidéliser la clientèle. Pour le tourisme intérieur nous pouvons passer rapidement de 8% à 20% si les hôteliers appliquaient une révision sensible de leurs tarifs à l’intention des Tunisiens, si une campagne de communication appropriée était organisée avec dépliants à l’appui, impliquant les agences de voyage dans les réservations. Pour pérenniser l’activité touristique à long terme, nous devons encourager les chaînes hôtelières internationales et les principaux tour-opérators européens à investir massivement dans des projets hôteliers dans notre pays, ce qui les amènera à assurer un taux d’occupation élevé de leur propre capacité d’hébergement.
Notre pays dispose de plusieurs atouts pour mettre sur pied un produit touristique culturel de qualité, susceptible d’attirer toute l’année une clientèle haut de gamme et de rayonner sur les régions intérieures du pays, ce qui n’est pas le cas actuellement.
En effet, il suffit de mettre en valeur sites archéologiques et monuments historiques, d’éditer brochures et cartes routières, de former les guides en conséquence et de spécialiser les agences de voyage en la matière. Les privés investiront dans des hôtels de charme proches des sites archéologiques.
Par ailleurs, nous avons négligé jusqu’ici le tourisme résidentiel alors qu’il fait le bonheur du Maroc. Si nous facilitons pour les étrangers l’acquisition de logements dans les zones touristiques au dessus d’un certain prix (200.000 D par exemple), ce qui correspond à la suppression de l’autorisation du gouvernement, plusieurs milliers d’étrangers séjourneront en permanence ou presque dans notre pays. Cela permettra de dynamiser le secteur du bâtiment, de réanimer l’économie régionale et de créer des milliers d’emplois.
Il s’agit d’exportation sur place avec des recettes en devises en permanence. Ceux qui achèteront des résidences secondaires en Tunisie vont y séjourner, consommer sur place, inviter leurs parents et amis.