Les efforts déployés par l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie en matière de promotion de la qualité de ses services viennent de recevoir la reconnaissance internationale. Il vient d’être certifié conforme à la norme ISO 17680 « Thalassotherapy centers-services requierments 17680 ». En quoi consiste cette distinction et qu’apportera-t-elle au secteur ? M. Rezig Oueslati, Directeur général adjoint de l’ONTH, répond à nos questions.
Quels sont les avantages de la promulgation de la nouvelle norme 17680 ?
Soucieux de faire hisser ces normes au rang international, l’Office national du thermalisme et d’hydrothérapie a participé aux travaux du groupe de travail N°2 « Tourisme de Santé » relatif au comité technique ISO/TC 228 « Tourisme et services connexes » pour l’élaboration des normes internationales dans le secteur de l’hydrothérapie avec ses trois variantes : thalassothérapie, spa du bien-être et spa médical en coordination avec l’Institut national de normalisation et de la propriété Industrielle INNORPI, l’Office national tunisien du tourisme ONTT ainsi que des médecins experts exerçant dans le secteur privé de l’hydrothérapie. Tous ces efforts déployés ont été couronnés par l’adoption de la nouvelle norme internationale 17680 relative à la thalassothérapie ; dont la publication s’est faite au mois de mars 2015. Cette nouvelle norme est inspirée de la norme tunisienne NT 126.05 : « Services touristiques – Bonnes pratiques en Thalassothérapie ».
Comme vous la savez bien, la certification n’est pas un objectif en elle-même, mais simplement un début. Elle nous servira comme un référentiel international pour la certification des centres de thalassothérapie et par conséquence un outil de mise à niveau du secteur de l’hydrothérapie.
De ce fait, elle offre des avantages sur le plan technique, économique et sociétal. Elle contribue à harmoniser les spécifications techniques des produits et prestations des centres permettant ainsi de renforcer l’efficacité de cette industrie de bien-être et d’éliminer les obstacles de l’exportation de ces services. La conformité aux normes internationales est aussi un gage de confiance pour les curistes que les produits et prestations qui leurs sont dispensés sont sûrs, efficaces et sans danger pour l’environnement.
Nous attendons donc que la promulgation de cette nouvelle norme contribue à l’optimisation des coûts, l’amélioration de la qualité, l’accès à des nouveaux marchés, le renforcement de la satisfaction des clients. Aujourd’hui, normaliser la qualité des services revient à s’accorder, sur des exigences minimales, afin de les faire connaître du plus grand nombre. Ce qui aidera les professionnels à tirer le secteur de la thalassothérapie vers le haut, pour le bénéfice des curistes. Les centres qui revendiqueront son application se distingueront de ceux qui sont non conformes à la norme.
Un plan d’action a été établi avec l’Institut national de normalisation et de la propriété industrielle fixant les différentes actions devant être entreprises pour intégrer la 17680 dans les programmes de mise à niveau des centres de thalassothérapie des actions de formation pour le corps médical et paramédical actif sont programmées un travail de vulgarisation et de promotion est entamé.
La formation constitue une pierre angulaire dans la promotion du secteur. Quels sont vos programmes sur ce volet ?
Bien que d’une pratique très ancestrale, l’hydrothérapie est un domaine récent en Tunisie qui nécessite une attention particulière, surtout que la nature même des prestations offertes au sein d’un centre d’hydrothérapie et la proximité curiste/employé font que le personnel est l’élément fondamental pour garantir une prestation de qualité. Cependant, la formation professionnelle dans ce domaine s’avère une nécessité plus qu’un besoin aussi bien pour le corps médical que paramédical. La formation est un axe fondamental du développement du secteur du thermalisme et de la thalassothérapie. Elle est recommandée par l’étude stratégique de mise à niveau des établissements du secteur thermo minéral et exigée par les normes de qualité en thermalisme: APNT 126.06 et en thalassothérapie par la nouvelle norme 17680.
La formation dans ce secteur n’a été instaurée qu’en 2001 par le ministère de la Santé publique et le ministère de l’Enseignement supérieur au sein de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de la santé de Sousse sous forme d’une licence en physiothérapie, parcours thalasso thermalisme. Il s’agit d’une formation de 3 ans après le bac. Aussi, un mastère à la faculté de médecine de Sousse a démarré depuis quelques années.
Dans le cadre de ses attributions tel que fixées par le décret-loi N°52 du 06 Juin 2011, l’Office national du thermalisme et d’hydrothérapie est train de négocier avec la Fédération mondiale du thermalisme et climatisme la possibilité de l’ouverture « d’une école méditerranéenne en hydrothérapie », un projet qui permettra de renforcer davantage le capital des dispositifs de formation en la matière.
Nous allons également nous réunir avec les doyens des 3 Facultés de médecine pour encourager les travaux de recherche dans ce secteur et permettre ainsi les publications scientifiques indexées au niveau international.
La Tunisie ambitionne à être un pôle d’exportation des services de santé à l’horizon 2016. Quelles sont les composantes de la stratégie de l’Office en la matière ?
Dans la stratégie d’exportation des services de santé élaborée par la tutelle à l’horizon 2016, l’activité d’hydrothérapie est une composante.
La stratégie de l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie en matière d’hydrothérapie se base sur les éléments suivants :
– Dissocier la destination de l’hydrothérapie de l’offre touristique et l’identifier en tant qu’activité à part entière,
– Renforcer la collaboration et le partenariat avec les structures et les équipes étrangères de haut niveau pour une plus grande maitrise des nouvelles technologies,
– Veiller à la qualité dans les centres et assurer la qualité totale de leurs environnements,
– Se confirmer aux normes internationales et encourager l’accréditation des centres d’hydrothérapie,
– Développer une plate-forme pour les échanges électroniques des données liées à l’activité d’hydrothérapie,
– S’investir dans une stratégie de communication digitale et rationnelle,
– Concevoir un marketing d’influence et une communication affinitaire ciblée,
– Simuler la mise en place et l’insertion des prestations de l’hydrothérapie tunisienne dans les réseaux internationaux,
– Renforcer les structures de formation professionnelle et développer la recherche scientifique,
– Renforcer l’émergence et la mise en place d’innovations de qualité des services,
– Aider les professionnels du secteur à mieux connaitre leurs publics, leurs besoins et leurs attentes,
– Mettre en place des partenariats dans les pays pourvoyeurs de curistes,
– Renforcer la participation aux congrès internationaux et la valoriser.
Comment booster le tourisme tunisien par l’hydrothérapie ?
Le développement des activités touristiques ainsi que la forte croissance démographique qu’a connus le monde durant les dernières décennies, ont occasionné l’émergence de nouvelles tendances touristiques associant loisirs et amélioration de l’état de santé et répondant aux besoins d’une clientèle très différenciée, de plus en plus exigeante et en quête de soins et de bien-être.
Au regard de cette tendance qui ne cesse de s’exprimer, le tourisme de santé dont notamment l’hydrothérapie parait le créneau porteur pour le développement du tourisme tunisien en ère de diversification.
La Tunisie dispose de plusieurs atouts qui garantissent la réussite de cette activité dont ses sites adaptés, ses infrastructures de haut standing, ses tarifs compétitifs pour des prestations luxueuses, la proximité géographique et linguistiques et son grand potentiel de qualifications et de compétences.
Les chiffres de cette activité confirment le dynamisme de la demande et la compétitivité de la Tunisie sur cette niche. Ces chiffres seront doublés à l’horizon 2020 et ce selon le modèle stratégique de développement qui se base sur une évolution modérée de la filière en cohérence avec l’évolution du secteur de tourisme. Il est prévu la construction de 54 nouveaux centres supplémentaires d’une capacité moyenne de 130 curistes /jour/centre soit un total de 375000 curistes par an en 2020. L’apport direct en devises atteindrait alors 204 millions de dinars, et la création de prés de 1725 emplois directs.
Comment allez-vous faciliter l’accès des citoyens tunisiens au thermalisme et à l’hydrothérapie ?
L’attraction des Tunisiens pour le thermalisme et la thalassothérapie découle d’une tradition ancestrale forte. Par ailleurs, la CNAM a une convention avec l’Office qui permet aux Tunisiens de bénéficier des cures dans les stations publiques et privées (Hammam Bourguiba, Korbous, Jebel Oust..). D’autres sources sont à l’étude du point de vue bénéfices médicaux, elles seront ouvertes au public et aux conventions avec la CNAM, (Gabès Boulaaba, Sancho, Kasserine). N’oublions pas les citoyens maghrébins qui ont aussi l’habitude de venir en Tunisie pour le thermalisme.
En ce qui concerne la thalassothérapie, la fréquentation des Tunisiens représente 10% du nombre total de nos clients. il s’agit d’une élite ou encore de personnes bénéficiant de prise en charge par certaines sociétés qui offrent ces conventions à leurs employés, car elles sont conscientes que les effets anti stress et anti Burn-out de la thalassothérapie ne sont plus à démontrer.