Alors que la suppression du visa d’entrée en Tunisie pour les ressortissants de plusieurs pays, dont le Burkina Faso, a été annoncée en avril dernier, des Burkinabés ont été refoulés à l’aéroport Tunis-Carthage, sous prétexte qu’ils n’avaient pas de… visas !
A la surprise des Burkinabé, la police des frontières a répondu qu’ils « n’étaient pas au courant de cette procédure ». Parmi ces personnes, Georges Kaboré, fondateur et directeur de l’Institut Burkina, pour promouvoir la culture et l’éducation, a apporté son témoignage. « Ils ont refusé prétendant que j’étais candidat à l’immigration illégale ! Nous avons été traités comme des terroristes. Nous avons été expulsés comme des moins que rien, comme des crève-la-faim…», a déclaré Kaboré.
Il a rédigé une lettre ouverte adressée aux ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso et de la République tunisienne :
« Messieurs les Ministres,
Alors que la suppression du visa d’entrée en Tunisie pour les ressortissants burkinabè a été annoncée en grande pompe par les deux gouvernements pour le 1er mai 2015, j’ai été victime comme beaucoup de mes compatriotes d’une expulsion en règle le 28 mai 2015 de l’aéroport de Tunis Carthage car on me reprochait de ne pas avoir de visa d’entrée.
Sans compter le préjudice d’un séjour que j’avais organisé – billets d’avions achetés, réservations d’hôtels, etc. – et qui a été perdu –, je souhaite dénoncer la confusion et le manque de communication entretenus entre nos deux gouvernements, les compagnies aériennes et la police des frontières.
Des dizaines et des dizaines de Burkinabè se rendent ces derniers temps en Tunisie sans visa car cette mesure a été clairement annoncée et confirmée par les compagnies aériennes.
Une fois à Tunis, la police tunisienne des frontières nous dit qu’ils ne sont pas au courant de la mesure de suppression des visas ou alors qu’elle n’est pas encore entrée en vigueur, et nous expulse comme des moins que rien.
Je dénonce aussi la violence morale avec laquelle nous sommes considérés dans de telles situations car nous sommes traités comme des clandestins, et cela, jusqu’à notre retour dans notre pays où c’est la police qui nous accueille lors de la descente de l’avion.
Au lieu de nous présenter des excuses du dérangement d’un voyage qu’on ne peut pas poursuivre, nous sommes traités en transit à Tunis ou à Casablanca avec irrespect en raison de notre pays d’origine.
Le 2 juin, de nouveaux cas de burkinabè en attente d’expulsion de Tunis sont signalés et cette situation digne d’un film absurde ne peut plus durer. »