Le gouvernement est en place depuis près de six mois mais nous n’avons pas encore perçu d’impact positif relatif aux actions entreprises, ni enregistré des avancées significatives dans les principaux dossiers sur lesquels il y a eu des engagements fermes lors de son investiture à l’ARP.
Il faut dire que le gouvernement n’a pas été ménagé par les actions terroristes ni soutenu par une diligence particulière des députés de l’ARP en matière de vote des lois qui lui sont proposées.
On ne peut pas dire qu’il n’y a pas une ferme volonté d’aller de l’avant et encore moins qu’il y ait une inconscience de la gravité de la situation et de l’urgence des solutions mais il faut croire qu’il y a un manque de savoir-faire, d’organisation et de courage politique pour prendre les décisions qui s’imposent, sans précipitation mais aussi sans atermoiements. Il y a sûrement aussi une inertie paralysante qui frappe la haute administration pour l’empêcher de passer à l’action et convertir les décisions politiques en mesures concrètes sur le terrain.
Il y a deux domaines vitaux qui méritent que l’on s’y attarde : la question sécuritaire et politique d’une part, les questions relatives à la relance économique et à la promotion de l’investissement, d’autre part.
A propos des aspects politiques et sécuritaires, il est inadmissible que certains partis politiques et associations continuent à bénéficier d’agréments officiels et de libertés d’action alors que leurs objectifs déclarés publiquement et leurs manifestations sont anticonstitutionnelles, prônent la violence et appellent à renverser la République.
La plus grande fermeté de la loi doit s’appliquer dans ce cas d’autant que le financement de ces partis et associations est suspect au plus haut point.
L’existence d’une centaine de mosquées qui échappent au ministère des Affaires religieuses, et qui sont contrôlés par des mouvements extrémistes où le prêche du vendredi est un appel à la violence, au djihad et au terrorisme, est une aberration et une infraction qui auraient dû être corrigées déjà du temps de Mehdi Jomâa.
L’assainissement ou la fermeture de ces mosquées s’impose d’urgence.
Les hésitations et l’inaction constatées jusqu’ici sont injustifiées et incompréhensibles, voire coupables. Les jeunes djihadistes de retour du Proche-Orient doivent être suivis et contrôlés et si nécessaire arrêtés.
La sécurisation des sites hôteliers et touristiques aurait dû faire l’objet, au lendemain de l’attentat meurtrier contre le musée du Bardo, d’une réforme totale. D’abord la création d’une direction générale de la sécurité touristique, correctement structurée avec affectation de 2 à 3000 agents, à plein temps, bien entraînés et encadrés, dotés d’un parc de transport approprié et d’équipements adéquats.
Tous les hôtels doivent être dotés d’équipements de vidéo-surveillance et adopter un système de sécurité strict avec scanner pour contrôler tous les accès.
Ils doivent avoir leurs propres agents de sécurité armés, spécialement formés pour cela et en nombre suffisant ou faire appel à des sociétés agréées.
La lutte contre le terrorisme ne se fait pas uniquement par les armes et les renseignements mais aussi par le développement régional, la création d’emplois, la relance économique, l’investissement et les transferts sociaux qui concrétisent la solidarité nationale.
C’est pourquoi la mise en œuvre des réformes structurelles doit être accélérée pour résoudre les défaillances dont souffre notre pays depuis longtemps
On ne peut pas prétendre promouvoir l’investissement étranger ou local si, depuis quatre ans, on attend un code de l’investissement qui n’est pas encore au point : les investisseurs ont besoin de visibilité pour s’engager. Il faudrait des incitations conséquentes sinon les investisseurs vont ailleurs, là où le climat est plus serein. Or il semble qu’il ne sera pas adopté avant la fin de l’année. C’est trop tard car le Forum de l’investissement est prévu pour septembre.
Le projet de loi sur le partenariat public-privé a été rejeté par l’ARP au lieu d’être amendé, alors qu’il s’agit d’appeler les privés au secours de l’Etat dont les financements sont insuffisants.
La restructuration et la consolidation du système bancaire, notamment celles des trois banques publiques traînent en longueur depuis trois ans alors qu’il s’agit de sauvegarder le tissu entrepreneurial fragilisé par plus de quatre ans de crise économique et financière et des difficultés de trésorerie qui ont engendré la faillite de plusieurs centaines de PME.
Les difficultés des entreprises engendrent des licenciements catastrophiques alors que notre objectif consiste à promouvoir l’emploi. C’est le chômage qui constitue le terreau du terrorisme. Plutôt que d’augmenter les salaires des nantis, créons des emplois.