Le Royaume Uni demande à ses ressortissants en Tunisie de quitter le pays car une menace terroriste serait incessante. On ne sait pas si Thomas Cook le tour-opérateur britannique maintiendra ses trois vols par semaine. Cela s’ajoute à la vague d’annulations des réservations qui ne semble pas s’arrêter. Des hôtels ont déjà fermé leurs portes poussant des centaines d’employés au chômage. En réaction à cette catastrophe, le gouvernement vient de prendre des mesures conjoncturelles pour amortir un tant soit peu les conséquences désastreuses de cette crise. Ces mesures n’ayant pas bénéficié d’un large consensus sont inévitables, selon la ministre du tourisme. Lors d’un diner ramadanesque, un débat avec les représentants des Tunisiens résidant à l’étranger à l’ARP a été organisé par le ministère du Tourisme et les professionnels du secteur à savoir la FTH, la CTN, la fédération tunisienne des restaurants touristiques (FTRT) et Tunisair. Objectif : sensibiliser ces députés à inciter les tunisiens résidants à l’étranger à soutenir la tunisie en rentrant au pays cette saison. Tous les députés présents s’accordent à dire que le gouvernement se prend toujours en sachant qu’on est en juillet et déjà en pleine saison. Il existe 1.200.000 Tunisiens résidents à l’étranger qui seraient prêts à soutenir la Tunisie dans cette crise. Avec les réductions annoncées, les Tunisiens à l’étranger seront motivés à visiter cet été leur pays et constitueront l’armée de touristes de réserve de la Tunisie selon les députés. Les réductions à partir de 30% toucheront les billets d’avions, le transport maritime, les nuits d’hôtels et également les services des agences de voyages et les restaurants touristiques.
Mais ces mesures seront-elles sans conséquences ?
Sarra Rejab, PDG de Tunisair, bien qu’elle soit consciente de la gravité de la situation n’a pas caché son scepticisme par rapport à ces mesures notamment en ce qui concerne Tunisair en posant la question de savoir si « un secteur sinistré peut soutenir un autre sinistré ? ». Selon la PDG, les derniers attentats et l’arrêt des vols vers la Libye coutent à la compagnie 250 millions de dinars. L’exercice 2015 de Tunisair connaîtra un manque à gagner de 250 millions de dinars ce qui représente 25% de son chiffre d’affaires. Pis encore, les 15% de réduction à la charge de Tuniair sur les prix des billets d’avions (les autres 15% seront supportés par l’Etat) feront perdre à Tunisair 4 millions de dinars. Par ailleurs, l’Etat va supporter encore les 15% de réduction sur les tickets de bateaux pour un montant de 6 millions de dinars. Les caisses de l’Etat seront amenées aussi à soutenir le secteur du tourisme à travers la prise en charge des cotisations à la CNSS des unités touristiques et fournira une indemnité aux employés au chômage technique suite à la fermeture ou non de l’unité hôtelière à laquelle ils sont rattachés. Le gouvernement a décidé le report du remboursement des prêts pour les années 2015 et 2016 avec une rééchelonnement selon la capacité de l’hôtelier à payer, l’octroi de nouveaux crédits exceptionnels remboursables sur sept ans, dont deux ans de grâce avec garantie de remboursement prise en charge par l’Etat, la réduction du taux de TVA de 12% à 8% et le rééchelonnement des créances fiscales et des créances auprès de la STEG et de la SONEDE. L’objectif de ces mesures est de soulager la trésorerie des hôtels, mais qui soulagera la trésorerie de l’Etat. Sans oublier l’annulation du timbre fiscal de 30 dinars imposé aux étrangers lors de leur départ du territoire tunisien.
Le déficit du budget de l’Etat risque de se creuser encore plus et on se demande comment le gouvernement va-t-il combler ce manque. Salma Elloumi, la ministre du tourisme dira que le retour des Tunisiens à l’étranger couvrira une grande partie des recettes en devises.
Dire que le secteur du tourisme était en ligne de mire pour un programme de réforme à travers la création d’une société de gestion d’actifs dont le but est de récupérer les dettes du secteur qui s’élèvent à trois milliards de dinars. Pendant ce temps, pour sauver la STB, principal bailleur de fonds du secteur, l’Etat doit recapitaliser celle-ci de 650 millions de dinars avec l’argent du contribuable.