Le processus de mise à niveau du secteur hôtelier a été entamé il y a quatre ans avec mise en place d’un comité de pilotage comprenant tous les acteurs du secteur, dont la FTH, l’administration de l’ONTT et le secteur bancaire. Plusieurs critères d’éligibilité au processus ont été fixés pour permettre aux hôtels de bénéficier des mesures incitatives dont le caractère sain de la situation financière de l’unité hôtelière en l’objet. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Il s’agit en fait d’une option stratégique permettant à l’hôtellerie tunisienne de s’adapter à l’évolution rapide des impératifs et des exigences des marchés émetteurs de touristes ainsi que de la mutation des besoins et attentes de la clientèle.
L’agence française de développement avait mis à la disposition du programme de la mise à niveau du secteur hôtelier une ligne de crédit de 50 millions d’euros pour financer les importations d’équipements.
Il y a lieu de reconnaître que durant les deux premières années, le système a bien fonctionné puisque les réunions du comité de pilotage ont approuvé les plans de mise à niveau de 113 établissements hôteliers, ce qui correspond à un investissement total de 512 millions de dinars. Ainsi la moyenne par établissement est de l’ordre de 4 MD, ce qui constitue un montant élevé, justifié par les innovations sensibles à introduire dans les établissements hôteliers.
Il faut dire que la mise à niveau ne porte pas seulement sur les équipements à rénover et les aspects matériels, mais aussi sur les innovations et les améliorations immatérielles dont la réorganisation, la technologie, le marketing, le recrutement de compétences, le perfectionnement des cadres et du personnel, le recours aux nouvelles technologies de l’information et de la communication pour la gestion et la commercialisation.
Le processus est en panne
Il y a lieu de constater lors de la 37e réunion du comité de pilotage du programme, qui a eu lieu récemment, que le nombre d’adhésions au programme ainsi que le nombre de plans approuvés est devenu très réduit et que le nombre de projets qui ont porté sur la composante immatérielle se limite à 8 projets uniquement, ce qui est peu conforme à l’esprit et à l’objectif du programme, mais aussi aux impératifs de la pérennité et de l’avenir du secteur hôtelier et touristique en Tunisie.
Il y a lieu de rappeler à ce propos que les autorités de tutelle, à savoir le ministère du Tourisme, sont préoccupées par cette situation et ont confié à un cabinet français spécialisé en la matière pour procéder à une évaluation des réalisations du programme de mise à niveau de l’hôtellerie tunisienne, il s’agit de “France-expertise internationale.”
C’est une structure étatique habilitée à proposer les réajustements nécessaires à un processus qui obéit à un cahier des charges correctement élaboré, mais qui au niveau de l’application mérite un réajustement sensible. C’est fin mars 2014 que le cabinet français présentera son rapport d’évaluation et ses propositions correctives éventuelles.
Quelle solution pour l’endettement ?
Il y a lieu de remarquer que deux facteurs majeurs sont susceptibles de justifier la panne actuelle du programme puisqu’au cours de la dernière réunion du comité de pilotage deux unités hôtelières seulement ont jugé utile de présenter leur plan de mise à niveau. Il s’agit en fait de deux projets d’envergure puisque l’investissement prévu totalise 31 millions de dinars.
En effet, depuis le déclenchement de la Révolution, le tourisme vit une crise de fréquentation qui connaît des rebondissements en fonction des évènements sécuritaires, ce qui a beaucoup fragilisé les établissements hôteliers.
En outre, l’endettement bancaire du secteur fait peser des menaces sur l’avenir de 150 hôtels environ, sinon plus, qui connaissent des difficultés financières sérieuses.
L’encours bancaire total de l’hôtellerie est évalué à 35 milliards de dinars, dont 1,8 milliard de dinars environ d’impayés. Il y a des hôtels qui ne sont pas rentables, qui ont un déséquilibre financier structurel et qui n’ont pas fait un effort sensible de remboursement de leurs dettes. Ces hôtels seraient cédés par les banques créditrices à une société étatique de gestion d’actifs à créer selon un projet conçu par les pouvoirs publics, mais vivement contesté par la profession. Alors que les hôtels qui ont fait un effort de remboursement de leurs dettes devraient bénéficier d’un rééchelonnement des dettes avec bonification des intérêts de retards.
De toute façon il est indispensable de sauvegarder notre patrimoine hôtelier, qui recèle des aspects positifs, tout en lui apportant des améliorations significatives, car c’est la plate-forme de base qui permettra à notre tourisme de connaître une relance sensible dès que la crise sécuritaire et politique aura été résorbée.
Par Ridha Lahmar