Les chiffres publiés tout récemment par l’Institut national de la statistique (INS), relatifs au 2e trimestre 2015, traduisent une réalité difficile. Depuis les événements du 14 janvier, les indicateurs économiques et sociaux n’arrivent pas à décoller et à retrouver, au moins, ceux de l’année de référence, 2010 : croissance faible, chômage en augmentation et une inflation toujours galopante.
Les dernières données de conjoncture publiées à la mi-août par l’Institut national de la statistique (INS), sont sans appel : un taux de croissance en berne de 0,7%, un taux de chômage de 15,2% et un indice des prix à la consommation familiale en croissance de 0,3%, par rapport à juillet 2015.
Pour les experts économiques, il ne s’agit nullement d’une surprise. Au regard des attentats terroristes du Bardo et de Sousse, de la recrudescence, en cette période, des mouvements sociaux et de l’arrêt de l’activité économique notamment de tout le Groupe chimique, il est tout à fait loisible que la croissance du PIB soit très faible ou tout au moins proche de zéro.
Néanmoins, on a fait légèrement mieux, puisque le PIB s’est situé autour de 0,7%, au cours du second semestre de l’année 2015, en comparaison avec la même période de l’année écoulée. Certes c’est une croissance molle, mais jusqu’ici, le pire a pu être évité.
Cependant, les indicateurs de l’ensemble des secteurs d’activité économique, sont dans le rouge, à l’exception de l’agriculture et de la pêche, qui a enregistré une croissance de 6%. Par contre, le secteur des industries a connu une régression tout comme celui des services qui a baissé de 8,5%.
La loi de Finances complémentaire 2015 a prévu pour toute l’année une croissance de 1%, un objectif réaliste, mais qui ne permet guère de desserrer les nombreuses contraintes économiques et sociales, mais sa réalisation exige, au préalable, une stabilisation de la situation sociale et une reprise de l’activité économique. Un objectif qui ne semble pas à portée de main.
Les économistes observent à cet égard un optimisme mesuré, du fait du risque d’aggravation des facteurs négatifs au cours du second semestre. Hormis un secteur touristique qui n’arrive pas encore à décoller et dont les difficultés risquent même de s’exacerber par le refus des tour-opérateurs et des grands voyagistes européens à reprendre la commercialisation de la Tunisie, la campagne des grandes cultures a enregistré un grand recul par rapport à celle qui l’a précédée.
Croissance molle et chômage en augmentation
Il faut noter que la Tunisie aura besoin d’un taux de croissance d’au moins 6%, pour pouvoir atteindre, ne serait-ce que partiellement, certains objectifs prioritaires et atténuer le problème du chômage et impulser le développement régional. Cet objectif est aujourd’hui hors d’atteinte dans la mesure où il faudrait résoudre à la fois la question sécuritaire, restaurer la confiance des opérateurs économiques, parvenir à une paix sociale et remettre les secteurs économiques, qui ont le plus souffert ces dernières années, sur la bonne orbite.
Il va sans dire qu’une croissance molle aura des répercussions néfastes sur la reprise de l’activité, sur la relance de l’investissement et sur l’emploi. En effet, le taux de chômage, toutes catégories confondues, a enregistré une croissance de l’ordre de 0,2%, se situant à 15,2%, contre 15% au cours de la même période de l’année écoulée. Aussi, le nombre de chômeurs a-t-il atteint 605 mille sur une population active de plus de quatre millions, contre 601 mille, au cours du 2e trimestre de l’année 2014.
Il faut préciser à ce propos que ce sont les femmes qui souffrent le plus du chômage, avec 22.2% contre 12.4% pour les hommes. Par contre, le nombre des diplômés de l’enseignement supérieur chômeurs a connu une légère baisse. Il est estimé à environ 222,9 mille, au premier trimestre 2015, soit un taux de 30 %.
c’est le Grand-Tunis qui se trouve en tête de liste en termes de nombre de chômeurs avec 195 mille personnes, suivi du Centre-Est avec 84 mille chômeurs, le Centre-Ouest avec environ 75 mille chômeurs, le Sud-Est avec 73.400 chômeurs, le Nord-est avec 63.400, le Nord-Ouest, avec 62.700 et enfin le Sud-Ouest avec 51.100 chômeurs.
Dans sept gouvernorats, le taux de chômage a dépassé les 20%. Il s’agit respectivement de La Manouba (22,4%), Kasserine (20.6%), Gabès (24,4%), Tataouine (30%), Gafsa 27,9%), Tozeur (22,7%) et Kebili (24,9%).
Cinq ans après la Révolution, la situation économique, sociale et sécuritaire n’a observé aucune amélioration significative. Le pays peine encore à retrouver ses repères et la menace terroriste ne fait que l’enfoncer chaque jour un peu plus dans le doute. La classe politique, supposée trouver des solutions, n’a fait jusqu’ici que précipiter le pays dans la tourmente par mauvais calculs politiques et une incapacité totale à chercher les voies qui permettent au pays de faire les meilleurs arbitrages entre les exigences de la construction de la démocratie et les impératifs de la préservation des intérêts du pays.