Le tissu entrepreneurial tunisien est constitué à 90% de petites et moyennes entreprises. C’est à la fois un maillon faible parmi les fondamentaux de l’économie tunisienne, mais aussi un atout majeur si nous savons en tirer le meilleur profit.
En effet, pendant les périodes de crise, les PME ne disposent pas de fonds propres suffisants et des capitaux nécessaires pour résister aux difficultés en attendant que l’orage passe, c’est pourquoi, les PME sont fragiles et vulnérables pendant les périodes de turbulences et de crise politique et économique. C’est pourquoi 50% des PME disparaissent cinq années au maximum après leur création.
Il faut dire que depuis le 14 janvier 2011, l’instabilité politique associée aux perturbations sociales et terroristes a engendré de grandes difficultés dans la gestion des PME, d’autant plus que les banques, faute de liquidités ont rendu le crédit rare et sévère.
Un certain nombre de PME sont en faillite potentielle, alors que ces entreprises recèlent une valeur ajoutée certaine.
Les répercussions sur l’emploi sont douloureuses.
Il faut dire que les points forts des PME sont nombreux et intéressants à passer en revue pour examiner dans quelle mesure il y a un avantage à favoriser leur promotion pour une meilleure contribution au développement du pays ?
Les PME font preuve d’un savoir-faire artisanal ou industriel et d’un dynamisme commercial qui font leur réussite.
Elles ont une forte capacité d’emploi et disposent de compétences humaines remarquables qui leur permettent de s’adapter aux mutations rapides et profondes des marchés.
Des circuits courts de décision sont probablement à l’origine de leur réussite en matière d’exportation.
Leur caractère familial est certainement un atout quand à la rentabilité de leur gestion financière et commerciale. Certes, des mesures parcellaires sont prises par les autorités publiques dans tel ou tel domaine, mais elles n’ont pas l’efficacité ni l’impact attendu sur la situation des PME et leur potentiel de développement. Par exemple, la création de SICAR et de fonds d’investissement régional, qui en définitive, ne disposent pas de capitaux énormes pour investir dans les régions ou les PME ont des mesures limitées.
La création et le renforcement du capital de la PME par une injection de 100 MD sont sûrement des mesures utiles, mais nettement insuffisantes pour créer le déclic nécessaire à la promotion réelle des PME.
C’est pourquoi, une stratégie intégrée de promotion des PME s’impose d’urgence.
Il y a tout d’abord un financement spécifique et approprié destiné non seulement à renforcer les fonds propres et à soutenir les promoteurs dans leur souci légitime de détenir la majorité du capital de leur entreprise.
Il y a ensuite, l’accès au crédit bancaire selon des conditions bonifiées, que ce soit pour le taux d’intérêt, ou encore les garanties à présenter pour obtenir ces crédits pour le moyen terme lorsqu’il s’agit d’investir, ou à court terme pour financer l’exploitation.
Il y a enfin les facilités à ménager pour l’entrée en Bourse des PME. Les conditions imposées par la loi sont trop rigides. C’est pourquoi, il faudrait de la souplesse pour accéder au financement par recours à l’épargne publique.
Les PME ont également besoin d’une fiscalité avantageuse pour voler de leur propres ailes, sans êtres soumises constamment à des ponctions douloureuses dans leur rentabilité et dans leur trésorerie.
Le régime fiscal des PME sans se rapprocher de celui des forfaitaires qui est irrationnel et inéquitable devrait être favorable à l’investissement.
Dans la mesure où elles sont soumises à la concurrence des grandes entreprises, les PME seront toujours privées des travaux et projets étatiques dans un pays où l’Etat est le plus important investisseur. Ce qui est injuste. C’est pourquoi, il faudrait réserver les petits marchés exclusivement aux PME à titre d’incitation à l’investissement et au dynamisme de l’activité économique.
En somme, les PME mériteraient un traitement équivalent à une discrimination positive, au même titre que les régions défavorisées de l’intérieur en raison de l’ingratitude de la position géographique des uns et de la taille réduite des autres mais aussi de la solidarité.
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