Tentation populiste de Hachmi Hamdi, chef de Tayar El Mahabba, qui a cru trouver la bonne astuce pour qu’on parle à nouveau de lui, dérapage non contrôlé de Yassine Brahim, ministre du Développement, de l’investissement et de la coopération internationale, qui tout en multipliant les faux pas, croit dur comme fer, qu’il est en train de réinventer la roue et acte ultime de l’étalage des deux ailes de Nidaa Tounes de leur linge sale avant une implosion devenue au demeurant inéluctable. La scène politique n’en finit pas de s’alimenter de faits insolites et d’autres graves.
Les promesses électorales, dit-on, n’engagent que ceux qui y croient. Dans le cas d’espèce Hachemi Hamdi, président de Tayar El Mahabba, qui connait les réalités nationales plus à travers les médias, se plait à jouer le rôle de vendeur de mirages. Face à la baisse de régime de son parti, la grande claque qu’il a reçue lors de la dernière élection présidentielle et au peu d’intérêt qu’on lui prête, il a voulu jouer les trouble-fête et un rôle disproportionné à son poids. Le discours qu’il a tenté vainement de tenir, pour se réapproprier une place dans l’espace public, ne lui a valu que discrédit. Un discours qui ne mobilise ni n’interpelle personne. Voulant toucher une corde sensible à savoir la question du chômage, dont souffrent nos jeunes et l’accès aux services de santé pour les plus démunis, il a provoqué plus de sarcasme et de raillerie que de réactions d’intérêt. Les recettes qu’il présente relèvent plus de l’affabulation et de l’instrumentalisation que de toute autre chose.
Ignorant, tout ou presque, les règles élémentaires qui président pour élaborer un budget, les contraintes, les pressions et les arbitrages à opérer dans cet exercice ô combien difficile, Hachmi Hamdi propose tout bonnement d’adopter le modèle britannique, qu’il prétend généreux et la solution la plus indiquée pour les sans-emploi et les plus démunis.
Sur ce plan, Hamdi semble ignorer une règle qui commande de ne comparer que le comparable. Peut-on, dans le cas d’espèce, se permettre de comparer une grande puissance, comme la Grande Bretagne, membre à part entière du G8, à un pays comme la Tunisie, qui peine à mobiliser les ressources nécessaires pour financer son développement ?
La réponse à cette courte vue de l’esprit, à ce jeu populiste dangereux que Hamdi éprouve un malin plaisir à jouer, a été la défection du public à son appel du samedi dernier. Son discours démagogique n’a pas convaincu, mobilisant très peu de personnes, quelques centaines qu’il a peiné à faire venir de toutes les régions du pays.
En Don Quichotte, Hachemi Hamdi, qui s’improvise défenseur des pauvres et des démunis, promet de revenir à la charge et de poursuivre sa pression sur le gouvernement si ce dernier ne se résigne pas à prévoir 1,2 milliard de dinars dans le budget de l’État de 2016 pour le versement d’une indemnité à 500.000 chômeurs.Par les temps qui courent, le ridicule ne tue point , mais c’est à mourir de rire.
La promesse du ministre du Développement, de l’investissement et de la coopération internationale, Yassine Brahim, de Afek Tounes a été, enfin, tenue, quoique trop tardivement. Après une attente longue et vaine, le nouveau code d’investissement a été adopté en conseil des ministres, le budget économique a été présenté devant une commission de l’ARP et on annonce que le plan de développement sera prêt d’ici la fin de l’année.
Mais il y a un hic. Yacine Ibrahim a tendance à tout confondre de par sa propension au discours pompeux et vague. Alors que la Tunisie a élaboré plus de douze plans, que l’expertise du pays dans ce domaine est reconnue et avérée, il ne cesse de nous donner l’illusion qu’il est en train de réinventer la roue. D’abord en ne cessant de déclarer que la particularité de ce plan réside dans son démarrage à partir des régions, comme si les plans précédents n’avaient pas connu le même cheminement.
Ensuite, et ce qui est encore plus grave, son option hasardeuse de recourir à une banque étrangère pour lui confier la tâche de choisir et sélectionner les projets les plus aptes à attirer les investissements et les financements étrangers. Une hérésie !
Dans un plan, le choix des projets et des priorités se fait logiquement en fonction de la consultation qui s’opère au niveau des régions et des secteurs. Sinon, à quoi bon faire un plan qui devrait inaugurer un nouveau modèle de développement, fruit d’une large consultation et d’un consensus national, si au final on sait que tout ce travail pourrait se faire par procuration?
A cet effet, à quoi pourrait servir la réunion des bailleurs de fonds dont on ne finit pas d’annoncer l’organisation, si la banque choisie par voie de consultation est à même de faire le marketing des programmes et projets et à rechercher les financements requis ? Cela pousse à croire que le ministère dont il préside les destinées est dépourvu de compétences et d’expérience en la matière. A méditer.
Enfin, Nidaa Tounes parait poursuivi par la damnation de sa victoire aux dernières élections. La dernière crise qui vient d’éclater, ne sera pas le dernier acte de la tragédie que connait ce parti que le départ de Béji Caid Essebsi, son fondateur, a plongé dans des contractions aussi douloureuses qu’improductives.
Les événements malheureux survenus dimanche dernier à Hammamet ont prouvé qu’entre les deux ailes rivales de ce parti, la guerre fratricide ne connait aucun interdit et que toutes les voies mènent à l’issue fatale de son implosion? Devant le fossé qui ne cesse de se creuser entre les deux ailes, on se refuse de se regarder dans les yeux, préférant foncer droit au mur.
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