Pour les vrais patriotes, pour les bons citoyens, pour les dignes et les courageux de janvier 2011, la seule question qu’il aurait fallu poser n’est pas «qu’ont fait les gouvernements successifs pour eux», mais plutôt «qu’ont-ils fait eux pour la Tunisie» ! Mais là est une autre question. Voilà un bien triste anniversaire, cinq ans déjà depuis que le premier gouvernement a lâché dans la nature tous les criminels, tous les sadiques et tous les débiles pour nous empoisonner la vie à jamais ! Voilà quatre ans que des génies de la loi nous ont concocté une assemblée constitutive qui a plombé toute initiative, qui a neutralisé toute l’intelligence nationale pour aboutir au bout de trois ans à un pays déplumé, à une économie en otage, et à un avenir des plus incertains, nous n’avons même pas de quoi payer le gâteau d’anniversaire pour fêter les cinq années !
Mais pour fêter quoi au fait ? Une pseudo liberté de façade qui a abouti à ce que les médias mettent en commun les émotions au détriment de l’intelligence et du développement ? Combien de médias professionnels et crédibles nous reste-t-il après leur collusion avec les milieux politiques et financiers ? Et à quoi servirait la liberté quand le nombre de pauvre a doublé et quand la classe moyenne s’est considérablement appauvrie ? A quoi servirait la liberté quand nos politiques continuent à fantasmer sur les hommes d’Etat qu’ils ne seront jamais ? Quand ces politiques nous larguent au premier tournant d’après les élections, et oublient vite que nous le peuple, sommes la Tunisie ? La confiance entre les politiques et les citoyens s’est vite effritée car les gouvernements successifs se sont enfermés dans l’entêtement et n’ont fait aucun effort pour comprendre les jeunes, pour dialoguer avec les jeunes, ces jeunes qui sont à la recherche d’un rêve national, d’un projet, d’un objectif, et qui, n’ayant rien vu venir, se sont tu, certains se sont même couchés, et ils finiront par le payer cher ! N’était-il pas question de grandes réformes dans la culture qui a un budget servant tout juste à payer les salaires de ses fonctionnaires ? Réforme de l’enseignement supérieur qui vient tout juste de signer avec le syndicat d’étudiants la possibilité de redoubler pendant quatre années de suite, ça promet ! Réforme de la justice qui a été bien moins clémente avec les jeunes fumeurs qu’elle ne le fût jadis avec les extrémistes et les obscurantistes ? Sommes-nous fiers de compter huit mille jeunes qui croupissent dans les prisons, car tombés sous la loi 52, ce joujou extra, ces jeunes sont condamnés à quitter le monde de l’enseignement et celui du travail, laissant derrière eux des familles déchirées ? Même dans ce qui nous menace dans notre quotidien et dans nos chaires : le terrorisme, nous n’avons pas clairement défini les tenants et aboutissants de cette gangrène, or, on ne vaincra pas l’ennemi sans l’identifier ! Et nos politiques n’osent pas appeler un chat un chat, et essayent de naviguer en ménageant tout le monde et en faisant plaisir à tout le monde, un exercice périlleux qui ne règlera aucun problème. Jaurès avait bien raison de rappeler que «le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire» ! Gageons qu’il sortira en 2016 une femme qui dira la vérité, qui rassemblera les Tunisiens, tous les Tunisiens autour d’un rêve et qui réussira à réconcilier les régions entre elles et chassera à jamais tous les ennemis de la nation ! Ainsi, notre dernière chance serait de confier notre destin à une femme qui mettra fin à la haine, à toute forme de violence, et à tout excès de confort, toujours cause de décadence !!!
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