Ramadan est le mois où l’on fait pause sans pour autant prendre un congé. Les horaires de travail sont revus à la baisse, l'absentéisme atteint des pics jamais égalés et par conséquent la productivité baisse de plus de 70%. Le manque à gagner pour les opérateurs économiques.
Selon une étude publiée par l'Institut du monde arabe des études sociales du Caire, les jeûneurs travaillent beaucoup moins pendant le Ramadan. La productivité enregistre alors une baisse de 73,3 %. L’activité économique se retrouve, un mois durant, victime d’un ralentissement considérable, surtout dans les administrations où le phénomène est beaucoup plus répandu. Le fonctionnaire consacre presque sa journée à faire le tour des marchés et revient au bureau muni de ses courses. Il restera quelques minutes et repartira chez lui. Pendant le mois de Ramadan, la production baisse (-30%) et la productivité baisse encore plus (-50%) et par conséquent le volume d’affaires baisse lui aussi. Selon un opérateur dans le textile, les veillées nocturnes, la fatigue, la température, le nouveau régime horaire, ajoutant à cela l’environnement général, font que les Tunisiens ne sont pas du tout productifs. «Avec une productivité très basse, on essaie de maintenir la production pour honorer nos engagements avec nos partenaires étrangers. On ne parlera pas ici de compétitivité, car les coûts vont automatiquement flamber, les charges augmentent aussi. On essaie de réaliser des pics de productivité dans d’autres périodes pour atténuer l’impact de ce mois. Productivité, production et compétitivité ne vont pas de pair avec le Ramadan.» «C’est dommage pour un pays qui ne s’est pas remis réellement au travail depuis la Révolution», a-t-il regretté. Finalement, il n’y a que les boulangeries, les confiseries, les commerçants et les magasins d'alimentation qui eux doublent leur activité pendant le Ramadan. La productivité baisse, mais la consommation augmente. En revanche il existe certains cas rares où le Ramadan n’a pas beaucoup d’impact sur l’activité des entreprises. On peut jeûner et travailler correctement. Tout est question de conscience morale… et d’organisation.
Comment pallier ce phénomène ?
Les spécialistes du milieu du travail brossent un tableau plutôt négatif de la situation, ils évaluent le manque à gagner de l’économie nationale à plus de 30 %. Un chiffre révélateur de la baisse importante de la productivité de certains secteurs-clés de l’économie nationale. En fait, il s’agit là d’une chute de production consécutive à une baisse considérable de productivité. Les secteurs les plus touchés sont l’industrie métallurgique, métallique et électrique, l’agriculture et les services. Pour les autres secteurs, tels l’habillement ou l’alimentation c’est plutôt l’inverse. Pas de solutions miracles. De toute façon nous avons remarqué une acceptation de la situation de la part des chefs d’entreprises, qui eux se trouvent dans la même situation que leurs personnels. «Nous ressentons le Ramadan sur nous-mêmes, dirigeants, donc nous restons cléments et compréhensifs». L’absence de statistiques et de données chiffrées sur l’impact du mois de Ramadan sur l’activité économique et sur la productivité met en doute la volonté des parties prenantes à chercher des issues. Le seul constat vient de l’étude faite par l'Institut du monde arabe des études sociales du Caire en 2009. Pour remédier à ce problème, les opérateurs économiques essayent de gérer la situation en renforçant les équipes par des occasionnels, voire en doublant certaines équipes, de programmer des vacances et des fermetures annuelles, ou d’accorder les congés pendant cette période. Certains décideront même de faire travailler leur personnel de nuit. Il est temps de penser à la manière et aux moyens de remettre les Tunisiens au travail.
N.J