Hangar de l’avion présidentiel
Sariati analyse l’environnement sécuritaire et appelle le Général Ammar pour savoir où en est la négociation avec Tarhouni.
Informé par Tiouiri, Ammar lui apprend :
– C’est une mutinerie de la police et de la Garde nationale.
Sariati est terrifié : contrairement aux autres corps armés du pays, la Garde nationale est très solidaire. En plus, elle dispose d’une grande base à l’aéroport !
– Comment ? La Garde nationale est aussi avec eux ?
Ammar confirme et donne des précisions sur le nombre d’hommes et d’unités présentes.
Sariati raccroche et appelle aussitôt (17h18) Charfeddine Zitouni (Directeur Général de la Garde Nationale)pour savoir ce que fait son unité d’élite aux côtés de Tarhouni. Mais Zitouni n’en sait rien…
Sariati réalise alors que même avec le renfort du GFS (Groupe d’élite de l’Armée Nationale), ses agents ne font plus le poids. La base de la Garde nationale est à 1000 mètres à peine et les hommes de l’UCGN qui s’y trouvent disposent de blindés et d’armes lourdes. En un rien de temps, sur un simple appel de Larbi Lakhel, ils peuvent contrôler la zone de l’aéroport et empêcher le décollage de l’avion !
Sariati, dont la mission primordiale est la sécurité du chef de l’Etat, réalise alors que la situation est gravissime :
1/ Ben Ali ne peut pas rester sur place.
2/ Il ne peut pas non plus retourner au palais.
3/ Il est impossible de se déplacer en voiture sans danger.
Sariati conclut qu’il est dans l’incapacité absolue d’assurer la sécurité du Président en Tunisie.
Il demande au Général Ammar si la tour de contrôle – qui se trouve à mi-chemin entre les rebelles et le hangar présidentiel – est bien sous la garde de l’armée, puis il va voir Ben Ali et lui dit :
– Monsieur le Président, je viens d’avoir le Général Ammar au téléphone. Il m’a dit que plusieurs autres forces ont joint la rébellion. L’USGN a rejoint la BAT, c’est très grave. Contrairement à la police, le corps de la Garde nationale est homogène et ils sont solidaires entre eux. L’USGN est leur idole, le corps de la Garde nationale compte plus de 12.000 hommes sur toute la Tunisie, cela constitue un danger majeur, Monsieur le Président, ces histoires prennent une tournure gravissime. Aujourd’hui, des gens ont brûlé les maisons des Trabelsi et ils vont sûrement prendre d’assaut le palais de Sidi Dhrif. Il y a plus d’une cinquantaine d’armes volées qui circulent dans le pays et Dieu seul sait entre les mains de qui elles sont ni ce qu’ils comptent en faire.
– Et tes hommes ?
– Mes hommes commencent à être influencés par la rue.
Pour confirmer ses dires, Sariati fait venir Lyes Zalleg qui confirme à Ben Ali que les menaces sont trop grandes et que les hommes de Tarhouni et Lakhal sont expérimentés et déterminés.
Sariati lance alors à Ben Ali : « Monsieur le Président, je ne peux plus assurer votre sécurité en Tunisie, montez à bord de l’avion avec votre famille ».
Censé attendre sa fille Ghazoua, Ben Ali réalise alors l’ampleur du danger et décide de partir immédiatement, malgré l’avis négatif du commandant Cheikhrouhou, inquiet de l’absence de plan de vol.
Ben Ali lui dit :
– On le recevra après le décollage.
Puis il appelle Grira pour lui faire part de la situation. Il lui rapporte les informations que Ammar a données à Sariati et lui apprend que, sur les conseils de ce dernier, il va prendre l’avion pour l’Arabie Saoudite. Il lui ordonne de remettre les choses en ordre, le temps qu’il dépose sa famille et revienne.
Grira raccroche et, comme il vient d’apprendre par le Président que Sariati est en contact direct avec Ammar, il l’appelle et lance avec vigueur :
– Je suis le seul qui donne les instructions !
– Oui, je sais, Monsieur le Ministre, réplique Rachid Ammar d’un ton étonné avant de faire part à Grira de la situation explosive à l’aéroport.
* * *
Houssem Trabelsi avec des membres de sa famille arrive à la base et appelle sa tante Leila Ben Ali qui ordonne au lieutenant Y.B., motard du cortège présidentiel, d’aller escorter son neveu et les siens. En face du hangar, Houssem aperçoit les GIPP cagoulés. Les prenant pour des agents de la BAT, il prend peur et envoie un SMS à sa tante. Elle lui répond : « Ne t’inquiète pas, ceux-ci sont des nôtres ». Il rejoint alors à toute vitesse la famille à l’intérieur du hangar.
Ben Ali est alors au pied de la rampe d’embarquement et sa femme tout en haut. Le neveu de Leila se jette aux pieds du Président, lui embrasse les mains et le supplie de le laisser avec les siens monter dans l’avion. C’est à cet instant que Halima, en pleine crise de nerfs, se met à hurler :
– Donnez-moi un pistolet, je vais tuer tous les Trabelsi ! Tout ça, c’est à cause d’eux, je vais tous les tuer ! Et toi, laisse mon père tranquille ou je te tue !
Sariati, indisposé par ces petitesses alors que la situation est particulièrement délicate pour la sécurité de Ben Ali, intervient vigoureusement :
– Madame, Monsieur le Président, montez à bord. Et, se tournant vers Houssem : « Et toi, lâche-nous ! »
En montant à bord, Ben Ali se tourne vers Sariati :
– Nous ne pouvons pas laisser le palais à son sort, reste ici jusqu’à ce que je revienne. Je les accompagne et je reviens. Toi, demande un avion pour Houssem et Ghazoua.
– Entendu.
Sariati monte à bord pour récupérer ses affaires, Mehdi s’installe à côté de sa fiancée, le couple présidentiel prend sa place réservée et le petit Mohamed va à l’arrière avec le personnel d’accompagnement.
Ben Ali lance à Sariati qui s’apprête à descendre :
– Fais attention à la maison.