Les amoureux du football suivent depuis quelques jours deux grands tournois de football : la Coupe d’Europe des nations et la Copa america. Il s’agit probablement, après la Coupe du monde, des deux plus grands tournois de football qui sont suivis par des millions de spectateurs à travers la planète et en dépit des décalages horaires. La présence des plus grands joueurs du monde dans les équipes engagées dans ces tournois explique l’engouement du large public pour ces tournois et la fièvre footballistique qui emporte la planète en ce moment et après la fin des championnats nationaux. Cet intérêt et l’engouement suscité ont été renforcés cette année par l’augmentation du nombre de pays engagés : 24 pour la Coupe d’Europe des nations et l’ouverture de la Copa america à tous les pays du continent américain.
Parallèlement à l’intérêt sportif, les responsables politiques et économiques sont également intéressés par l’impact économique de ces évènements et des grands tournois sportifs. Cet intérêt est d’autant plus important que l’économie mondiale et ces deux régions sont confrontées depuis quelques années à une croissance économique faible et les responsables peuvent espérer un coup de pouce économique par l’accueil de ces évènements qui pourraient relancer la croissance et l’emploi.
Il faut dire que la question économique est l’un des facteurs qui encouragent les pays à rentrer en compétition avec d’autres et à développer leurs meilleurs arguments pour accueillir les grands tournois sportifs. Parallèlement à l’aspect sportif et à la possibilité de gagner un grand tournoi avec l’appui de son public qui pourrait renforcer la cohésion nationale et la solidarité dans des sociétés en miettes, ces pays cherchent aussi à récolter les bénéfices économiques de ces tournois. Plusieurs études ont souligné que ces grands tournois sportifs ont des effets positifs sur les économies. En effet, les investissements dans les infrastructures sportives et les autres infrastructures vont tirer la croissance et l’emploi. Par ailleurs, l’accueil de ces tournois va également avoir des effets positifs sur le tourisme, dans la mesure où le pays organisateur enregistrera l’arrivée d’un grand nombre de supporters qui vont séjourner et suivre leur équipe et la soutenir. L’arrivée de milliers de touristes en plus de l’amélioration de l’image du pays favorisent le secteur touristique avec la croissance rapide des nuitées d’hôtel, des réservations dans les compagnies aériennes, les activités dans les restaurants ainsi que les autres types de consommation des touristes. Par ailleurs, l’amélioration de l’image du pays d’accueil va encourager les investisseurs étrangers à venir s’y installer et à développer leurs activités.
Quelques études préliminaires sur l’impact économique de la Coupe d’Europe des nations viennent d’être publiées et elles confirment l’impact économique positif du tournoi. En effet, ces études ont montré que la réfection des infrastructures sportives avant le tournoi pour les mettre aux normes de l’UEFA a permis la création 20 000 emplois. Par ailleurs, la France connaîtra aussi la création de 90 000 emplois durant la durée du tournoi pour occuper toutes les fonctions liées à son bon déroulement. Cette étude préliminaire a également indiqué que la France recueillera des bénéfices estimés à 3,7 milliards d’euros des différentes activités liées au tournoi. Par ailleurs, cette étude a montré que les supporters étrangers laisseront derrière eux près de 1,2 milliard d’euros liés à leurs dépenses dans les hôtels, dans les restaurants et autres activités durant leur séjour.
Or, les résultats de ces études ont été rapidement contestés par d’autres études qui ont porté sur plusieurs tournois sportifs. L’ensemble de ces études ont montré que les chiffres présentés sont très exagérés et que les projections effectuées avant l’organisation de ces évènements sur les bénéfices économiques et l’impact de ces évènements n’ont pas été réalisés dans la mesure où souvent ils sous-estiment les dépenses effectuées lors de ces évènements. Lors de cette coupe d’Europe par exemple, les dépenses de sécurité ont doublé rapidement pour faire face aux risques terroristes depuis les attentats de novembre 2015 en France et on atteint aujourd’hui 24 millions d’euros.
Mais, l’ensemble de ces études ont montré que les véritables gagnants de ces grands évènements et de ces manifestations planétaires sont les fédérations et les organismes propriétaires des évènements qui, sans effecteur de grandes dépenses, ramassent un jackpot sans précédent. Ainsi, l’UEFA, détentrice de cette grande manifestation empochera la rondelette somme de 1,9 milliard d’euros pour ces quelques jours de compétition. Ces revenus qui ont connu une croissance de 37% par rapport à la dernière édition et qui proviennent des droits de télévision pour 1,5 milliard d’euros, 400 millions d’euros de billets d’entrée dans les différents stades et le reste du sponsoring. L’UEFA paiera 300 millions d’euros pour les équipes participantes à cet évènement et gardera la totalité des 1,6 milliard d’euros dans la mesure où elle a imposé que l’ensemble de ces revenus soit exonérés de taxes fiscales.
Et, ainsi va le sport et le football depuis que le business a dominé et a imposé sa logique financière à l’ensemble de ces activités. Désormais, les grands évènements sportifs et les grands tournois sont devenus de grandes machines à profit et à business. Un business et un jackpot qui profitent aux grandes fédérations et aux grandes multinationales qui sponsorisent ces évènements. Reste aux gouvernements d’utiliser l’argent du contribuable pour nourrir le rêve !