La Tunisie célèbre aujourd’hui le 60ème anniversaire du Code du Statut Personnel. Un texte révolutionnaire dans le monde Arabe, qui a renforcé la place de la Tunisie en tant que pionnière en matière des droits des Femmes.
Malgré toute la bonne foi d’un tel texte, son application laisse à désirer aujourd’hui. Les femmes sont exposées à toute forme d’inégalités et de violences : plus d’une femme sur deux a été victime de violence dans les espaces publics en 2015.
En matière de travail, on ne fait pas mieux en Tunisie. Selon l’Institut National des Statistiques (INS), 22,8% des chômeurs en Tunisie sont des femmes. 42% des diplômées de l’enseignement supérieur sont touchées par le chômage, contre 22% pour les hommes (INS, 2013). Autre chiffre qui en dit long sur la place de la femme sur le marché du travail : sur 10 femmes en âge de travailler, 2,5 seulement étaient actives en 2012.
Toujours selon l’INS, moins d’un poste de travail a été octroyé à une femme, sur 10 créés, les 5 dernières années. Sur le plan entrepreneurial : seulement 1 entreprise sur 5 est dirigée par une femme. Une inégalité flagrante, surtout si l’on prend en compte que la gent féminine représente 27,9% de la population active et qu’elle contribue à assurer 49,4% des services, 26,4% des activités industrielles et 16,7% pour l’agriculture.
C’est sans doute le modèle de la société patriarcale de la Tunisie qui contribue à creuser l’inégalité femme-homme sur le marché du travail. De fait, la maternité, une tâche « exclusivement féminine », constitue l’un des obstacles à l’entrée des femmes au marché du travail.
Il existe d’autres facteurs exogènes, provenant des entreprises elles-mêmes. Ces dernières manifestent certaines réticences à embaucher des femmes mariées ou, « pire encore », enceintes, craignant pour leur rentabilité.
Raida : le plan national de l’entrepreneuriat féminin
L’Etat a l’obligation d’intervenir afin de remédier à cette situation. Avec son plan national de l’entrepreneuriat féminin, baptisé « Raida », le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance espère bien y arriver. Il s’étendra durant la période 2016 – 2020 et impliquera société civile, ministères et institutions financières. L’objectif est de stimuler l’initiative économique chez les femmes.
Dans ce même contexte, l’Etat travaillera sur l’amélioration du cadre général de l’entrepreneuriat féminin dans toutes les régions de Tunisie. A travers cette mesure, un ensemble de réglementations garantissant l’égalité des chances, ou encore l’amélioration de l’accès de la femme aux services financiers sera mis en place.
La volonté de l’Etat d’améliorer la situation est manifeste, dans l’espoir que le plan « Raida » porte ses fruits.
M.F.K