L’amphithéâtre de Carthage était plein comme un œuf deux heures avant l’entrée explosive de Lotfi Abdelli sur la scène. Les billets étaient épuisés depuis plusieurs jours. Une organisation impeccable, une ambiance bon enfant et des éclats de rire à n’en plus finir. On en avait des crampes aux muscles zygomatiques, ce qui n’était pas le cas des politiques présents qui en ont pris pour leur grade avec un fou-rire généralisé de la foule.
Lotfi Abdelli n’a pas manqué aussi de rappeler qu’il n’y a pas très longtemps, une simple évocation à la famille de l’ex président provoquait un tsunami alors qu’aujourd’hui, la moquerie est illimitée. Le Président Essebsi, Habib Essid et une grande partie du gouvernement, sans oublier Ennahdha et Nida, en ont eu pour leur compte. Mais en fait Abdelli n’a raté personne, il a mis à l’index la mentalité du Tunisien, son sens infini de la critique, ses innombrables défauts, il a cassé tous les tabous sur le sexe, le mariage, les couples. Bref, une véritable cure pour le moral et l’esprit dans cette période terrible où la Tunisie est au bord du précipice vers lequel l’ont mené les politiques justement; le public ne s’y est pas trompé en riant d’eux à gorge déployée.
A la sortie de l’amphithéâtre, un spectateur dit à un autre : « Quand même, il exagère de traiter ainsi les hommes politiques« , l’autre lui répond : » Ils sont au pouvoir parce qu’il y a eu une révolution, pourtant, ils continuent de protéger les mafieux, alors c’est bien fait pour eux« .
Lotfi Abdelli est un chevalier de la liberté d’expression. Il l’a défendue et pratiquée bien avant la chute de la dictature. Il était chez lui, hier, à Carthage, plus que beaucoup d’autres.
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