Lotfi Abdelli a animé la scène du théâtre Romain de Carthage, mercredi 17 août 2016, avec son one-man show abordant plusieurs thèmes dont la crise d’identité, la crise économique et pour meubler le tout, les personnalités politiques constitueront le festin.
La capacité du théâtre de Carthage, pouvant aller jusqu’à 12 mille, a été largement dépassée, lors de ce spectacle hors du commun. Une heure avant l’entrée en scène de l’artiste, les gens étaient déjà debout faute de places, alors que d’autres faisaient la queue dehors. Toutes les franges de la société tunisienne, toutes les tranches d’âge confondues, se sont donné rendez-vous ce soir-là à Carthage.
Laissant les affaires du pays pour quelques deux heures, des ministres, des chefs de partis et des députés, s’étaient installés aux premiers rangs.
Madame la ministre de la culture, Sonia M’barek, le ministre des Technologies de la communication et de l’économie numérique, Nôomane Fehri, le porte-parole du gouvernement de Habib Essid, Khaled Chouket, le chef du parti UPL, Slim Riahi, le député du Front Populaire Ahmed Seddik et l’ancien chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, faisaient partie du lot.
Deux invités d’honneur n’ont pas répondu à l’invitation de Lotfi Abdelli, qui n’a pas caché sa déception en leur adressant des piques et quelques message codés, tout au long du spectacle. Il s’agit de Rached Ghannouchi et Beji Caïd Essebsi. Ce dernier, lance Abdelli dès son apparition sur scène, « doit être quelque part sur le toit du Palais de Carthage en train de suivre le show« .
Le comédien n’a pas manqué d’humour et a fait exploser de rire tout le public présent, surtout à travers ses critiques osées, frisant « l’insolence« , des personnalités politiques qui étaient juste là en face de lui. Il n’a d’ailleurs pas mâché ses mots en adressant ses messages relativement vexants à Sonia M’barek, à Slim Riahi ou à Khaled Chouket.
Ghannouchi et Essebsi n’ont pas été épargnés, d’autant qu’ils avaient décliné son invitation . Des insinuations et des messages parfois trop directs étaient destinés aux deux grands hommes du pouvoir. Ali Larayedh, ancien chef du gouvernement à l’époque de la Troïka, a également eu sa part de critiques, exagérées en termes d’audace. Le public était plié en deux, le premier rang aussi!
A noter que plusieurs familles, venant avec l’espoir que le show soit à la limite du correct, ont dû quitter l’amphithéâtre en courant, en milieu de soirée. Ceux qui sont restés ont assumé jusqu’au bout.
Un spectacle réussi, certes, un public acquis, à n’en point douter, un comédien professionnel, Abdelli l’a été, mais il reste qu’il faut souligner que, au niveau du texte, de l’attitude de l’artiste et de ses sources d’inspiration et ses références, éléments qui ont constitué la trame de ce show, cela donne l’impression du déjà vu.
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