Le départ de Pétrofac de Kerkennah a déchaîné les passions. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer les agissements du parti islamiste radical Ettahrir dont les actions, indirectement combinées à l’absence de l’État et à l’inefficacité de l’UGTT, ont indiscutablement favorisé le départ de l’entreprise britannique.
Invité sur le plateau d’Attessia TV et interrogé par Borhane Bsaies, Mohamed Megdiche, membre du bureau de l’information d’Ettahrir a nié la présence de son parti lors des négociations entamées dans le dossier Pétrofac. « Il n’y a avait que des représentants de l’UGTT et ceux des ministères concernés », a-t-il déclaré, ajoutant qu’Ettahrir n’avait, par ailleurs, aucun lien avec les protestataires.
« Nous fustigeons tout ce qui pourrait toucher à la souvraineté du pays. Lorsque Pétrofac distribue des cartables ou effectue d’autres actions sociales, il ne fait que couvrir l’État de honte. Normalement, c’est à l’État de prendre ces choses en main », a souligné Mohamed Megdiche.
Le membre d’Ettahrir a pointé du doigt la responsabilité de l’État dans la situation actuelle à Kerkennah. Il l’accuse également d’avoir laissé Pétrofac humilier toute la région. « Le parti Ettahrir a toujours été présent à Kerkennah. Ce qui dérange le gouvernement, c’est la popularité du parti sur l’île », a-t-il encore ajouté.
D’autre part, Mohamed Megdiche considère que Pétrofac doit comparaître pour les violations infligées à la Tunisie puisqu’elle a choisi de quitter. « L’entreprise a des comptes à rendre », a souligné Megdiche. « Ceux qui se disent inquiets pour le sort des 2000 familles à nourrir, s’inquiètent, en réalité, pour les intérêts de l’entreprise », a-t-il, par ailleurs, affirmé. « Comment l’entreprise pouvait-elle se permettre de vendre du gaz à la Tunisie en devises et au prix du marché, sachant que ce sont nos propres richesses ? C’est du colonialisme ! », a-t-il conclu.
Ettahrir continue incontestablement de baigner dans son populisme et sa négation de la réalité. Les propos de Mohamed Megdiche n’ont pas manqué de faire réagir l’expert en économie Moez Joudi et Sahbi Ben Fraj, député Al Horra représentant Kerkennah. Le membre d’Ettahrir a été recadré à de nombreuses reprises, notamment quand il avait évoqué le colonialisme. « Vous voilà débarrassés de votre colon. Et après, comment allez-vous faire pour les familles à nourrir ? », lui a lancé Salah Ben Fraj. La réponse de Megdiche, nous l’avions mentionnée plus haut – ceux qui s’inquiètent pour ces familles s’inquiètent pour les intérêts de Pétrofac -. « Lorsque vous serez en mesure de reconnaître la République, sa Constitution et ses institutions, je vous accueillerai volontiers dans mon bureau pour discuter avec vous. Tant que ce n’est pas fait, vous n’avez pas à présenter vos « solutions » et à vous adresser à la République, a ajouté Ben Fraj.
De son côté, Moez Joudi a lui aussi recadré Mohamed Megdiche notamment sur la question du partage des profits. « C’est 100% ou rien selon vous ? Un investisseur étranger ne vient pas en Tunisie pour faire de la charité. Il débarque pour réaliser du profit. L’État dispose de sa part de ces profits », a-t-il souligné.
Tout au long de son intervention, le membre d’Ettahrir semblait être dépassé par les événements, ne trouvant aucune ligne de défense valable. Il n’a eu de cesse de sombrer dans des déclarations populistes, qui relèvent plutôt de l’extrêmisme, tentant de contourner chaque question posée par Borhane Bsaies.
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