À quand de vraies solutions pour améliorer les services de la TRANSTU ? Chaque jour, des milliers de femmes et d’hommes empruntent le transport en commun pour vaquer à leurs affaires.
Bus, tramway (communément appelé métro), train : nul n’est épargné par ce calvaire quotidien, subissant les retards, les véhicules en panne et ceux qui arrivent bondés, au point de déborder en dehors des véhicules de transport. À qui la faute ? À la TRANSTU. En partie, oui. Mais pas seulement, les citoyens y sont pour quelque chose et à bien des égards.
« Des agents qui travaillent à leur guise »
La part de responsabilité des agents est évidente, même si elle ne concerne qu’une minorité d’entre-eux. Les agents en question travaillent, comme le citoyen a l’habitude de dire, « à leur guise ». Le fameux « yekhdmou aala kif’hom ». Ce n’est pas faux. Un usager, se confiant à Réalités online, raconte qu’un soir, il attendait son bus sur l’avenue Khereddine Pacha de Tunis. « Le bus est arrivé. Il avait déjà mis beaucoup de temps pour cela! Mais au moment d’atteindre la station, le chauffeur s’était arrêté un moment, et juste après, il a redémarré, alors que le bus était quasiment vide ! », s’est-il indigné.
D’autres usagers ont dénoncé, de leur côté, les chauffeurs qui passent devant les stations sans prendre la peine de demander s’il y a des passagers qui comptent descendre. Sans oublier les plaintes portant sur les bus qui ne viennent jamais, mettant à mal tout le programme de la journée des usagers.
L’usager, l’autre responsable du drame
« Mais où sont les bus tant promis par la TRANSTU ?! », entend-on toujours crier. Une question qui a le mérite d’être posée. C’est indéniable. Néanmoins, il faut se rendre compte de la gravité de la situation à laquelle fait face l’entreprise nationale. À l’image de la Tunisie, elle traverse une crise financière gravissime. Les pertes ont atteint, en 2015, quelques 607 millions de dinars.
Une somme astronomique, due à la mauvaise gestion de la TRANSU, notamment en raison des fonctionnaires « frigo ». Mais pas seulement : c’est ici que le citoyen entre en jeu. Selon un responsable travaillant au sein de la TRANSTU, plus de 60% des usagers ne payent pas leurs tickets, que ce soit dans les bus, les tramways ou les trains TGM. Un manque-à-gagner considérable, qui devrait donner à réfléchir.
Le tunisien refuse de payer. Il oublie qu’il profite d’un service, aussi minimal soit-il comparé à ce que l’on peut voir chez nos voisins marocains ou ailleurs. Le déficit monstrueux de la TRANSTU est donc dû, en partie, à l’inconscience du citoyen lui-même qui réclame, paradoxalement un meilleur service. De surcroît, non seulement il ne paie pas, mais il se permet de vandaliser et de dégrader les véhicules qui sont la propriété de l’État, et donc du public.
Des actes complètement inciviles auxquels il faut impérativement remédier. Il est important de sensibiliser les usagers, notamment la jeune génération, sur l’importance de payer un tel service (et tous les autres d’ailleurs), afin d’en assurer la continuité pour les générations à venir et, pourquoi pas, espérer un jour une amélioration.
Ce qui se passe à la TRANSTU, en résumé, reflète, à bien des égards, un phénomène qui a pris de l’ampleur en Tunisie, surtout depuis ce que l’on s’obstine à appeler « révolution » : l’impunité, l’inconscience et l’anarchie. Et là, le chantier demeure grand ouvert, et il ne sera achevé qu’après un changement radical dans les mentalités…
M.F.K