« Notre chaîne nationale est un service public, son rôle est de contribuer au processus démocratique dont lequel s’est engagé notre pays. Ce servie public doit également être à proximité du citoyen tunisien et l’accompagner dans son quotidien » Annonce le Président Directeur Général de la télévision tunisienne, Elyes Gharbi. C’était lors d’une conférence de presse organisée pour présenter le nouveau logo et la nouvelle grille de programmation de la chaine publique. Et d’ajouter que « l’année 2017 sera celle de la relance de notre chaine nationale »
Certains diront qu’ils ont l’impression d’avoir vécu cette même situation. Ce n’est pas faux puisque 5 ans en arrière, en 2011 précisément, Mokhtar Rassaa, PDG de la télévision tunisienne à l’époque, faisait le même discours lors de la première conférence de presse organisée dans l’histoire de cet établissement public. A l’époque il avait porté avec lui plein d’espoirs et plein de projets. Il disait « notre télévision diffusera prochainement des programmes dignes de la révolution du 14 janvier. Une chaine renouvelée et modernisée ». Le personnel, journalistes et techniciens, du moins ceux que nous avons rencontrés à l’époque affichaient un optimisme et une énergie débordante quant à l’avenir de leur chaine. Cinq ans après, malheureusement, presque rien n’a changé. Bien au contraire, la chaine nationale peine à se reconstruire et se faire une nouvelle image. Les défis sont toujours les mêmes : un déficit budgétaire avec une dette qui s’élève à 38 millions de dinars, une mauvaise gestion et des programmes télévisés qui ne séduisent guère l’audience.
Qu’est ce qui ne va pas et qu’est ce qui empêche la chaine nationale de bien fonctionner et de concurrencer pourquoi pas les chaines privées qui ont pris beaucoup d’avance ? Il a fallu à Elyes Gharbi trois mois pour faire le diagnostic de la situation et apporter quelques éléments de réponse. Premier élément est la création d’un comité exécutif dont le rôle est de débattre et de se concerter avec les parties prenantes de la chaine dans la prise de décision. Deuxième élément, la mise en place d’un comité de manuel de procédures afin de garantir leur application. Dans le but de relancer la production télévisuelle, Elyes Gharbi annonce la création d’une direction artistique et d’une autre de programmation. Deux plateformes qui rassemblent le personnel de la chaine autour d’un objectif commun : la rénovation et la modernisation des programmes pour que la chaine nationale soit un leader d’opinion. L’impact de ces reformes devrait se concrétiser à travers la nouvelle programmation. Il s’agit de programmes sportifs, sociaux, politiques et de divertissement. Ces programmes apporteront de la fraicheur, de l’innovation et de la création et seront capables, selon le PDG, d’apporter de l’audience. Ce n’est pas par manque de compétences, mais plutôt pour s’ouvrir et apporter du sang nouveau à la chaine qu’Elyes Gharbi a fait appel à des présentateurs externes. Le personnel de la chaine ne semble pas enthousiaste à ces nouvelles mesures et ne partage pas le rêve de leur PDG. Un personnel dont une partie se sent rejetée et marginalisée et dont les compétences sont opprimées. D’un autre coté, l’autre partie reflète un personnel complètement détaché, manquant d’appartenance et n’étant pas prêt à donner un peu de lui-même pour contribuer à la relance de la chaine. Elyes Gharbi a présenté un projet ambitieux, mais encore faut-il qu’il arrive à rassembler toutes les parties prenantes derrière ce projet. Une condition sine qua none pour l’accomplissement de cet objectif.
N.J