La démission d’Abderrahmane Haj Ali, ancien directeur général de la sûreté nationale, a suscité beaucoup d’interrogations. Certaines voix se sont élevées pour dénoncer la main mise des partis politiques de la coalition, Nidaa Tounes et Ennahdha, sur le ministère de l’intérieur. Une question que Hédi Mejdoub, ministre de l’intérieur, a abordée, quoique prudemment, dans la seconde partie de l’entretien accordé au journal Le Maghreb, publiée dans son édition du mercredi 4 janvier.
« J’ai parlé, une fois, du désir de chacun de s’approprier le ministère de l’intérieur. Même un citoyen ordinaire cherche à avoir de bonnes relations avec les sécuritaires », a-t-il dit, précisant qu’il était logique que chaque parti politique souhaite « mettre la main » sur le ministère, étant donné que ce dernier est l’un des piliers du pouvoir en Tunisie. Malgré cette logique, le ministère de l’intérieur, selon Hédi Mejdoub, doit travailler en toute indépendance vis à vis des partis politiques et de leurs considérations partisanes.
« Depuis 2011, chaque changement de gouvernement s’est traduit par le changement du directeur de la sûreté nationale. De ce fait, le dirigeant au sein du ministère de l’Intérieur, qu’il soit ministre ou directeur, a besoin d’une protection politique », a déclaré Hédi Mejdoub.
« Si je devais m’exprimer en tant que citoyen tunisien, j’aurais affirmé que le Mossad était impliqué »
Réagissant, par ailleurs, aux appels à sa démission suite à l’assassinat de Mohamed Zouari le 15 décembre 2016, le ministre a assuré qu’il ne pouvait se permettre de quitter son poste en ces temps de crise. « Mais si le Chef du gouvernement me le demande, je le ferai. Après tout, je suis un fonctionnaire au sein du ministère et je tiens à ce statut », a-t-il ajouté.
Le ministre poursuit en affirmant que le fait d’accuser le Mossad d’avoir assassiné Mohamed Zouari « ne constitue pas une preuve de courage, comme les critiques l’ont affirmé. Il faut des preuves pour pouvoir le dire. Nous attentons la fin des investigations pour pouvoir faire part des responsabilités dans ce meurtre », a déclaré le ministre. Et d’ajouter : « J’ai une obligation de réserve sur la question. Dès la fin de l’enquête et l’assemblage des preuves de l’implication d’une quelconque partie, je présenterai le dossier au ministre des Affaires Étrangères. Ainsi, il sera en mesure de porter plainte ».
Hédi Mejdoub a, dans ce contexte, déclaré que s’il devait s’exprimer en tant que citoyen tunisien, il aurait affirmé que le Mossad est à 90% impliqué dans l’assassinat de Mohamed Zouari. « Mais en tant que ministre, je dois me référer aux preuves », a-t-il précisé.