Il est toujours fascinant de voir comment certains peuvent rapidement détruire ce que d’autres ont patiemment, avec persévérance, construit, souvent à travers de multiples hostilités.
Le Chef du Gouvernement s’est adressé à la nation le 14 janvier 2017 depuis l’IPEST, qualifié par les médias comme le « nec plus ultra » de la préparation aux études d’ingénieurs en Tunisie. Depuis le début, la plupart des lauréats de cet Institut, optant pour les écoles d’ingénieurs tunisiennes, rejoignent l’Ecole Polytechnique de Tunisie.
Aujourd’hui, cette Ecole se meurt.
Les élèves-ingénieurs viennent de faire (est-ce fini ?) une grève de plus de deux semaines à cause de multiples problèmes: cours non assurés, enseignements incertains, conditions de vie dégradées (restauration interrompue, buvette rudimentaire révoquée, logement détérioré, etc.) …
L’Ecole connait depuis quelque temps des retraits et désistements de professeurs partenaires suite au blocage de leur rémunération depuis trois ans.
Le gel des détachements de professeurs conduit à une grave réduction du nombre d’enseignants permanents dans certains départements, entrainant notamment la dégradation des conditions d’encadrement des élèves- ingénieurs dans leurs stages et projets de fin d’études.
Les structures de recherche de l’Ecole subissent de nombreuses difficultés administratives dans la gestion de leurs dossiers les empêchant de mener à bien leurs programmes.
Et pourtant les alertes et mises en garde ont été produites depuis longtemps. Des initiatives pour la réhabilitation et le redressement ont été prises. En vain.
Parmi les dernières en date: la large mobilisation autour des propositions d’actions pour la réforme à l’Ecole.
Comme toujours, les responsabilités sont partagées. Mais dans le cas d’espèce, la responsabilité première de l’agonie de cette Ecole revient à l’Université de Carthage, et par son immobilisme sur le dossier, le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique est complice.
*Ancien élève de l’Ecole Polytechnique et de l’ENSAE, Paris,
Docteur d’Etat en Sciences Economiques,
Membre de l’équipe fondatrice
et ancien professeur à l’Ecole Polytechnique de Tunisie,
Ancien directeur du Laboratoire d’Economie
et de Gestion Industrielle (LEGI), EPT.