Encore une opération sécuritaire qui porte un coup dur au terrorisme en Tunisie. La dernière opération en date, à Jendouba, ayant abouti à la mort de 3 terroristes et à l’arrestation de 6 autres, témoigne de l’efficacité du rendement sécuritaire en Tunisie. Focus
Recrudescence des opérations
Six personnes en relation directe avec le groupe terroriste ont été arrêtées, dont trois femmes, l’une d’elle est la propriétaire de la maison avec ses deux filles. Les autres aidaient logistiquement le groupe en question. Les premiers aveux de l’un des éléments arrêtés ont révélé qu’il s’agit d’un agent de liaison avec un autre groupe.
L’opération de Jendouba se déroulait en parallèle à une autre à Sidi Bouzid où une patrouille sécuritaire pourchassait un véhicule Dmax qui a refusé de s’arrêter sur ordre des agents de la Garde nationale. Le véhicule en question transportait deux terroristes, très actifs dans le domaine de la contrebande. Il a été saisi par les agents, mais pas ceux qui étaient à bord, lesquels ont pu prendre la fuite. Bilan final : un suspect arrêté et deux blessés côté Garde nationale, qui s’ajoute à la liste des blessés parmi les forces de sécurité dans l’opération de Jendouba (6 agents.)
Ces deux opérations font suite à celle de Menzel Nour, à Monastir, la semaine dernière, où les brigades spéciales dans la lutte antiterroriste ont pu mettre la main sur une cellule impliquée dans l’envoi de djihadistes tunisiens en Syrie. Onze personnes ont été arrêtées et l’on a dévoilé l’existence d’un camp d’entraînement pour ces djihadistes, avant de les expédier dans les rangs de Jabhat Ennosra.
L’étau se resserre
La recrudescence des saisies et des arrestations au sein des groupes terroristes prouve que l’étau est en train de se resserrer sur ces groupes qui ne bénéficient plus de la liberté de circulation qu’ils avaient, jadis, sous le règne de la Troïka. L’intensification des patrouilles et du contrôle sécuritaire sur tout le territoire tunisien a rendu difficile le déplacement aussi bien des personnes que des armes. Autre élément nouveau, c’est la faiblesse des saisies effectuées ces derniers temps, ce qui signifie que le mouvement djihadiste serait actuellement à court d’armement, suite à la surveillance intensive des frontières du côté tunisien comme du côté algérien. Noureddine Enneifer, expert sécuritaire, estime plutôt que «les armes existent et qu’elles sont bien cachées, mais il est devenu très risqué pour les terroristes de les sortir, vu la veille sécuritaire qui existe actuellement». À cela il faudra ajouter les lourdes pertes dans leurs rangs (par mort ou par arrestations) qui ont concerné les meilleurs de leurs éléments tels que Kamel Kadhkadhi (l’assassin de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi), Ahmed Melki (alias le Somalien), Ragheb Hannachi et Rabiâa Saidani (impliqués tous deux dans le faux barrage d’Oued Manaa), etc.
Coopération algérienne
La coordination avec les forces algériennes a permis aussi de mettre fin à l’activité de plusieurs éléments djihadistes, et à déjouer la tentative d’autres , d’entrer clandestinement sur le sol algérien. L’Algérie est très impliquée dans la lutte antiterroriste sur ses frontières avec la Libye et avec la Tunisie. Elle dispose d’un équipement sophistiqué qui permet, outre de surveiller la zone, d’intercepter les communications entre les djihadistes. D’ailleurs une grande partie des informations sécuritaires qui arrivent aux forces tunisiennes provient des services de renseignement algériens. L’Algérie a davantage renforcé son dispositif sécuritaire, surtout à la veille des élections présidentielles d’avril prochain et les tentatives de plusieurs pays du Golfe et de l’Occident pour la déstabiliser via les groupes terroristes et de créer le chaos, en vue de préparer un «Printemps algérien.»
Au final, peut-on donc parler d’un renversement de situation au profit des forces de sécurité tunisiennes ?
Tous les indices montrent que les agents de la Garde nationale et les forces spéciales antiterroristes sont en train de prendre le dessus sur les groupes terroristes. «La main levée dernièrement du politique sur l’institution sécuritaire, a beaucoup aidé, dans ce sens, en libérant l’action des agents, ce qui a amélioré considérablement leur rendement», explique N. Enneiffer.
Cependant, il faut admettre que la guerre contre le terrorisme ne va pas finir de sitôt, surtout avec les renforts arrivés de Syrie, grâce au retour des djihadistes tunisiens, mais aussi grâce au pacte scellé entre terroristes et contrebandiers. On n’est pas loin non plus d’une riposte terroriste, dans les prochains jours ou prochaines semaines, qui risque d’être spectaculaire afin de montrer que le mouvement existe encore et qu’il peut frapper fort là où il le veut. Mais il est vrai aussi que l’institution sécuritaire a repris son fonctionnement normal et pourrait progressivement rétablir la paix dans le pays.
Hanène Zbiss