Le système de sécurité sociale en Tunisie était longtemps un des axes prioritaires de l’Etat. Toutefois, il semble être encore fragile et insuffisant, ce qui nécessite des réformes profondes en dépit de ses nombreux avantages. le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi s’est attardé à ce sujet dans une longue interview accordée au journal Assabah dans son édition de ce lundi 10 juillet. Le ministre a mis l’accent sur la gravité de la situation financière des caisses sociales dont les déficits ont quasiment doublé en deux ans pour s’établir à 2 milliards de dinars en 2017. » Notre système social est fondé sur la répartition c’est à dire sur les contributions des salariés et des employeurs. Nous n’avons pas trouvé de solutions immédiates pour réformer ce système étant donné le déséquilibre entre les recettes et les dépenses. Les caisses sociales sont aujourd’hui incapables d’assumer leurs engagements à l’égard de leurs adhérents. Nous avons tout de même un comité tripartite au sein du ministère, qui travaille actuellement sur la réforme du système social et il parviendra à trouver des solutions. En faisant le diagnostic de la situation des caisses sociales il faut également prendre en considération les mutations démographiques. Pour chaque retraité il y avait 6 personnes actives, maintenant nous avons 2,5 actifs pour chaque retraité. C’est un problème de structure surtout avec le fléau social qu’est: le chômage, outre que plusieurs secteurs économiques sont encore en dehors de la protection sociale. Un million de Tunisiens travaillent dans le secteur informel et donc sans couverture sociale, si nous élargissons notre système nous pourrions éviter une perte de 500 millions de dinars annuellement. D’un autre côté, l’espérance de vie s’est énormément améliorée au fil des années, c’est un acquis important mais ceci a conduit à un épuisement des réserves disponibles des caisses sociales ce qui a incité le comité précité à étudier les solutions proposées comme le recul de l’âge de la retraite, la diversification des sources de financement et l’élargissement de la sécurité sociale en touchant ceux qui travaillent dans le secteur informel tout en prenant en compte la bonne gestion des caisses, la lutte contre l’évasion fiscale et la non-déclaration des salaires. Le comité, composé de partie gouvernementale, de représentants de l’UGTT et d’autres de l’UTICA travaille sur tous ces points là , » a-t-il expliqué. Le ministre a conclu en rappelant son indépendance partisane et son intention de travailler sur toutes les questions sociales brûlantes: la pauvreté, le logement, l’enseignement, la santé, la situation des émigrés et des handicapés en insistant que les négociations et le dialogue social au sein de son ministère vise à améliorer la situation sociale de toutes ces catégories précitées.
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