Machrou3 Tounes a officialisé, ce lundi 24 juillet 2017, le lancement de sa campagne« Machrou3na » – Notre projet -, à l’occasion, d’un point presse tenu à Tunis. Un rendez-vous politique à travers lequel le parti de Mohsen Marzouk a évoqué sa position sur de nombreux sujets qui font l’actualité, à l’instar du remaniement ministériel, des élections municipales et des partis politiques, spécialement Nidaa Tounes et Ennahdha, dont la politique a été ouvertement critiquée par le secrétaire général de Mahcrou3 Tounes, Mohsen Marzouk.
« »Mahcrou3na » est une campagne lancée à l’échelle nationale, visant à mieux faire connaître les tunisiens, c’est un véritable travail de porte-à-porte », déclare Marzouk , qui explique que la campagne permettra d’ouvrir le dialogue directement avec les citoyens pour leur présenter les projets du parti, que ce soit en matière d’éducation, de santé, d’économie ou encore d’environnement.
« La Tunisie n’est pas encore prête pour les municipales »
Sur la question des municipales, Mohsen Marzouk insiste sur la nécessité d’assurer un climat électoral adéquat, basé sur la neutralité de l’administration. Il met en garde, d’un autre côté, contre la volonté de certains acteurs politiques de mettre la main sur les médias privés et publics pour des objectifs électoralistes. Machrou3 Tounes insiste également sur l’importance de l’impartialité de l’Instance Supérieure pour les Élections (ISIE), récemment sujette à des rebondissements politiques ayant conduit au départ de son ancien président Chafik Sarar et de l’ancienne membre, la juriste Lamia Zargouni.
De ce fait, le secrétaire général considère que la Tunisie n’est pas encore prête pour les élections municipales du 17 décembre 2017. « Notre parti, quant à lui, est prêt », assure-t-il. Principal obstacle selon le secrétaire général de Machrou3 Tounes : les vacances parlementaires d’août à septembre 2017. « Impossible de discuter à propos du code des collectivités locales et des autres questions urgentes relatives aux municipales », prévient Marzouk, qui suggère qu’il serait plus sage d’organiser le scrutin en mars 2018. « Si la date du 17 décembre est maintenue, nous serons prêts quoiqu’il arrive », ajoute-t-il.
Dans ce même contexte, le secrétaire général n’a pas exclu l’élaboration de listes électorales communes avec d’autres partis et acteurs politiques. « Les militants composeront avec des personnalités politiques indépendantes ou partisanes, hors celles ayant appartenu à l’ancienne Troïka et le Nidaa actuel. Si les conditions adéquates ne sont pas réunies, Mahcrou3 Tounes présentera alors ses propres listes. Nous serons toujours prêts à dialoguer en citant Al Badil Attounsi de Mehdi Jomaa, Al Watan de Mohamed Jegham, Afek Tounes de Yassine Brahim, ou encore Béni Watani de Saïd Aïdi », explique-t-il.
Interrogé, d’autre part, sur l’échec du Front du Salut et du Progrès, Mohsen Marzouk concède que cette formation politique n’a pas pu réussir comme il l’a souhaité. « On ne peut se contenter d’une tentative échouée. Il faut continuer. Nous travaillons sur une nouvelle forme de coordination et nous pouvons arriver à la concrétiser avant décembre prochain », affirme-t-il.
« Nidaa Tounes et ses pratiques mafieuses »
Mohsen Marzouk n’a pas mâché ses mots, par ailleurs, en évoquant le remaniement ministériel et le rôle des partis au pouvoir sur la scène politique, Nidaa Tounes et Ennahdha. « Le remaniement ministériel doit être fait sur la base des compétences et non pas sur celle des considérations partisanes », déclare-t-il. Les partis manquant de neutralité dans la guerre contre la corruption ne doivent pas figurer dans le gouvernement, selon Marzouk, qui considère qu’il y va de l’intérêt du pays.
« Les ministres qui travaillent en dehors des considérations partisanes affichent de bonnes prestations, à l’instar de ceux de la Justice, de l’Intérieur, de la Défense et de l’Investissement. Or, ceux qui appartiennent à tel ou tel parti sont ceux qui rencontrent le plus de problèmes », explique-t-il encore. Et d’ajouter : « nous sommes prêts à dialoguer sur la composition du prochain gouvernement, mais pas question d’y participer directement ». Néanmoins, Marzouk affirme que le Chef du gouvernement Youssef Chahed aurait dû procéder au remaniement en juin dernier, alors qu’il était, selon ses mots, « en position de force grâce à la campagne anti-corruption ».
Revenant, d’autre part, sur l’actualité politique, Mohsen Marzouk n’a pas ménagé ce qui « reste de Nidaa Tounes » – toujours selon mots -, notamment à propos de l’affaire des présumées pressions dont a fait l’objet la directrice de Cap FM. « C’est un véritable travail de mafia. Ce qui reste de Nidaa Tounes ne cesse de commettre des crimes. Pour notre part, nous avons exigé qu’une enquête soit ouverte. Nidaa Tounes menace au nom du président de la République, alors que ce dernier ne lui a pas accordé une telle autorisation. Pour ce qui est du Chef du gouvernement, nous lui recommandons de se séparer de Nidaa Tounes », déclare le secrétaire général de Machrou3 Tounes.
Comme prévu, Ennahdha n’a pas échappé aux critiques de Marzouk ce lundi. Le parti a intérêt, d’après le secrétaire général, à séparer le religieux du politique pour commencer. Par la suite, il devrait avouer avoir appartenu un gang international criminel – les Frères Musulmans -, assurer qu’il n’en fait plus partie et à présenter des excuses. « Ennahdha doit comprendre que la vie politique est basée sur la critique. L’objectif n’est pas de critiquer les personnes, mais les idées politiques », déclare Marzouk.
Dans un message qu’il a volontairement qualifié de « crypté« , Mohsen Marzouk exprime son espoir de voir « certains » ne pas laisser leur ambition pour 2019 piétiner l’intérêt du pays et des tunisiens. « Ce n’est pas parce que l’on détient ce type d’ambition qu’il faut mettre de côté la guerre contre la corruption, ou encore se taire sur la séparation du religieux et de la politique et sur le sujet de ceux qui ont envoyé nos enfants aux foyers de tension. Il est inadmissible d’occulter certains dossiers au détriment de l’intérêt des tunisiens et de la vérité.