Le gouvernement d’union nationale a toujours fait l’objet de nombreuses critiques sur ses relations avec le Fonds Monétaire International (FMI) et des « directives » imposées à la Tunisie par l’institution monétaire. Un sujet récemment évoqué par Bouali Mbarki, secrétaire général adjoint de l’UGTT chargé de l’administration et des finances. Intervenant dans Midi Show de ce jeudi 27 juillet 2017, le ministre des Finances par intérim, Fadhel Abdelkefi, n’a cessé d’appeler à mettre de côté ce type de « polémiques inutiles ». D’ailleurs, il préfère parler de « conditions » au lieu de « directives ». « La situation est difficile et le modèle actuel ne peut plus continuer. Il faut que les partis politiques, les organisations nationales, l’ARP et les composantes de la sociétés civiles se tiennent debout pour la Tunisie », dit-il.
Le recours au FMI, d’après le ministre intérimaire, est une manière de combler les ressources financières manquantes de la Tunisie. Il existe plusieurs priorités selon ses dires, notamment le versement des salaires ou encore la caisse de compensation. « Le FMI ne laissera pas tomber la Tunisie et nous en avons besoin », déclare Fadhel Abdelkefi. La véritable question qu’il faut se poser aujourd’hui, selon lui, est de savoir jusqu’à quand l’État supportera-t-il seul le fardeau ? « Il n’est plus question de creuser encore l’endettement, et cet endettement est notamment causé par les hausses des salaires dans le secteur public. Quoique l’État fasse, on n’est jamais satisfait ! », enchaîne le ministre des Finances par Intérim.
L’endettement, une nécessité
L’emprunt auprès des institutions financières internationales est une nécessité d’après Fadhel Abdelkefi. Rien de plus normal selon lui, sachant que la Tunisie bénéficie de 10 ans de répit avant le début du remboursement et d’un taux d’intérêt de 1,6%. « En empruntant sur les marchés internationaux, on rembourse sur une durée de 5 ans à un taux de 6% ! » explique-t-il.
D’autre part, Fadhel Abdelkefi indique que l’État réalise des recettes – fiscales et non fiscales – de l’ordre de 24 à 25 millions de dinars. Or, le dépenses de l’État avoisinent les 35 millions de dinars. L’endettement constitue donc, selon Abdelkefi, le seul moyen de compenser ce manque dans les caisses de l’État. « En 2011, l’État empruntait sur le marché local en dinar. À présent, c’est en devise qu’il le fait », ajoute-t-il encore, soulignant, de ce fait, la gravité de la situation.
Revenant sur le projet de budget de 2018, Fadhel Abdelkefi souligne que plusieurs hypothèses sont à l’étude dans ce cadre. « Pour 2018, tout est mis sur la table pour sauver la Tunisie d’une crise financière profonde, marquée par l’inflation, le glissement du dinar et le paiement des salaires », annonce-t-il, enchaînant que si le pays arrive à « bien s’organiser », il sera capable de réaliser une croissance à deux chiffres. « L’économie tunisienne est dans une zone de grand risque, notamment au niveau des finances publiques », a-t-il encore martelé.