Contrairement à ce que les citoyens ressentent, le pouvoir d’achat a augmenté en Tunisie. C’est ce qu’a indiqué Habib Zitouna, directeur général de l’Institut tunisien de compétitivité et des études quantitatives, qui s’appuie sur la note publiée en juillet 2017 par l’institut. « Durant les 10 dernières années, le pouvoir d’achat des salariés a augmenté, en moyenne, de 1,6% par an », déclare-t-il dans Expresso de ce mercredi 6 septembre.
Cette hausse, poursuit Habib Zitouna, a principalement profité aux salariés du secteur public, dont les revenus ont augmenté de 25% en moyenne – en soustrayant l’inflation -. Le secteur productif – public ou privé -, a, pour sa part, connu une hausse de seulement 2 à 3%. C’est le secteur agricole, en revanche, qui n’a pas su tirer son épingle du jeu. De fait, selon le DG de l’Institut, les salariés du secteur ont vu leurs revenus baisser. « La situation de ces salariés est délicate, compte tenu, à titre d’exemple, des problèmes de la CNSS qu’ils subissent », précise Habib Zitouna.
Si le pouvoir d’achat et les revenus ont réellement augmenté, comment expliquer que les citoyens pensent le contraire ? Réagissant à cette question, Habib Zitouna affirme que le mode de consommation des tunisiens a changé depuis 2011. « Face à la détérioration des services publics, notamment le transport et l’éducation, les tunisiens se tournent vers le service privé, qui est plus coûteux, affectant ainsi leur pouvoir d’achat », explique-t-il. Autre élément évoqué : le recours aux crédits de consommation. « L’octroi de ces crédits augmente de 8 à 10% par an. Les échéances de remboursement affectent le portefeuille des tunisiens », ajoute-t-il.
D’autre part, le DG de l’Institut tunisien de compétitivité et des études quantitatives explique que l’argent nécessaire aux hausses des salaires provient des prêts contractés par l’État. « Si on veut relancer l’économie par les revenus, il y aura, par conséquent, des hausses d’impôts, et c’est ce qui pourrait arriver dans le cadre du projet de loi de finances 2018 », déclare encore Habib Zitouna.
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