Le nouveau ministre de l’Éducation, Hatem Ben Salem, a fixé le cap jeudi 14 septembre 2017 lors de sa première conférence de presse. Son message aux syndicats de l’enseignement était clair : dialoguer pour élaborer la réforme de l’éducation. Sceptique, le syndicat de l’enseignement secondaire émet des réserves ce vendredi 15 septembre 2017, par la voie de son secrétaire général-adjoint Morched Idriss, qui souligne, dans une déclaration à Réalités Online, que les propositions du gouvernement sur le dossier des postes vacants sont insuffisantes.
Appel à la reprise des négociations sur la réforme de l’éducation
« Le dialogue sur la réforme de l’éducation s’est arrêté en octobre 2016, et tout le monde sait que c’est Néji Jelloul, ancien ministre de l’Éducation, qui était à l’origine du blocage », déclare Morched Driss, qui souligne que le syndicat appelle, aujourd’hui, à la reprise rapide des négociations dans le cadre d’un travail collectif entre l’Union Générale Tunisienne du travail (UGTT), le ministère de l’Éducation et l’Institut Arabe des Droits de l’Homme.
Le secrétaire général-adjoint du syndicat de l’enseignement secondaire rappelle, d’autre part, qu’il existe des milliers d’élèves sans professeurs, et ce en raison du gel des recrutements décidé par le gouvernement pour la deuxième année consécutive. « Un fait inédit », selon Morched Idriss. « Il y a un manque de près de 2300 professeurs dans les collèges et les lycées », affirme-t-il, et de rappeler que les négociations de la rentrée 2016-2017 ont poussé le gouvernement à recruter 800 enseignants. Un chiffre qui doit être revu à la hausse cette année selon Morched Idriss.
Un sous-effectif des professeurs ?
Mais peut-on réellement parler d’un manque d’effectif, sachant que la moyenne nationale du ratio professeur-élève est de 1 professeur pour 11,7 élèves ? Le secrétaire général-adjoint souligne que la problématique réside dans le nombre importants de matières enseignées : 25 dans les lycées et les collèges, partagées entre matières de base, facultatives et techniques, et c’est sans compter les spécialités. Un élément qui impose donc, selon lui, les recrutements. « Dans certaines classes, notamment durant les dernières années de spécialisation, le nombre d’élèves peut atteindre 40, ce qui constitue un problème pédagogique », explique-t-il.
Autre phénomène mentionné : la migration intérieure de la campagne vers les grandes villes. Par conséquent, des écoles des régions intérieures se vident, au profit de celles des grandes villes, créant ainsi un déséquilibre.
L’impasse continue
Par ailleurs, le secrétaire général adjoint déclare que le ministre de l’Éducation, Hatem Ben Salem, s’est réuni avec le secrétaire général du syndicat, Lassaad Yaacoubi, juste après la conférence de presse du ministère organisée jeudi 14 septembre. Il était question, selon Morched Idriss, des recrutements. « Le gouvernement continue de proposer des chiffres en-deçà du minium requis. Il sera, ainsi, difficile de combler toutes les vacances », regrette-t-il.
Autre point soulevé par le secrétaire général adjoint : les vacances dans l’enseignement de base, dont les nombre est estimé à 15 000. « L’UGTT s’est inscrite dans la logique des négociation en vue de l’ouverture de recrutements, notamment dans l’éducation », rappelle-t-il.
« Le gouvernement applique à la lettre les conditions du FMI »
« Des mobilisations peuvent être envisagées si les revendications syndicales ne sont pas satisfaites », prévient, d’autre part, Morched Idriss,
Il considère, dans ce contexte, regrettable que le gouvernement applique à la lettre les conditions du Fonds Monétaire International (FMI). « L’éducation est un secteur vital. Il faut donc le considérer en dehors de la logique du FMI et de ses conditions contraignantes, imposées aux différents gouvernements tunisiens », conclut-il.