Adopté le 12 octobre 2017 en Conseil des Ministres, le projet de loi de Finances 2018 a été chèrement défendu par le Chef du gouvernement Youssef Chahed, lors de son interview sur Elhiwar Ettounsi diffusée le même jour. Dans Expresso de ce vendredi 13 octobre 2017, c’était au tour de Ridha Chalghoum, ministre des Finances, de revenir sur les grands volets de ce texte qui devrait être discuté à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) jusqu’au 10 décembre 2017.
« Tout le monde a participé à l’élaboration du projet de loi de Finances 2018 : responsables du ministère des Finances, représentants de l’Union des agriculteurs, experts comptables, ou encore les avocats, pour n’en citer qu’eux. Plusieurs concertations et discussions ont eu lieu », commence-t-il par dire au micro de Wassim Belarbi. Tout comme le Chef du gouvernement la veille, le ministre rappelle que le texte a été rédigé conformément aux principes du Pacte de Carthage. Sur le plan socio-économique, le projet prévoit la mise en place de fonds destinés à la restauration des écoles et des hôpitaux. La construction de nouvelles routes est également au programme. Pour les petites et moyennes entreprises (PME), un fonds pour l’octroi de crédits participatifs sera mis en place, avec un budget de 400 millions de dinars. Les PME bénéficieront, d’autre part, d’une baisse allant de 20 à 25% de l’impôt sur les sociétés, de quoi mettre fin aux craintes des chefs d’entreprises et de l’organisation patronale, l’Union tunisienne d’industrie, de commerce et de l’artisanat (UTICA).
Au niveau du secteur touristique, Ridha Chalghoum annonce que les professionnels du métier – notamment les agences de voyage – vont pouvoir profiter d’une levée des droits de consommation. Plus encore : ils auront droit à une baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour l’acquisition de véhicules. Les professionnels de l’hôtellerie, de leur côté, vont devoir payer une nouvelle taxe par nuitée. Revenant, d’autre part, au commerce extérieur, le ministre des Finances annonce une hausse des taxes douanières sur l’importation de certains produits, conformément à ce qui a précédemment fuité. Cette nouvelle politique protectionniste concernera, selon lui, des produits comme les vêtements, l’électroménager et une sélection de produits agricoles. « Protéger la production tunisienne dans ces secteurs », tel est l’objectif de ces mesures d’après Ridha Chalghoum. Toujours dans l’objectif de réduire le déficit commercial, il rappelle l’annonce du Chef du gouvernement, relative à l’exonération fiscale pour les entreprises exportatrices. Cette exonération portera sur les dividendes.
« Pas question de se séparer du système de compensation »
Par ailleurs, sur le volet budgétaire du projet de loi de Fiances 2018, Ridha Chalghoum souligne que le texte vise surtout à équilibrer les finances publiques, que ce soit au niveau du déficit ou de la dette. Dans ce contexte, le budget sera légèrement revu à la hausse par rapport à 2017 : 4,3 points supplémentaires, avec un déficit qui ne doit pas dépasser les 5%. La question épineuse de la masse salariale dans le secteur public est également à l’ordre du jour. De fait, le ministre des Finances assure que son poids sur le PIB devrait baisser en-deçà des 14%. Le service à la dette, pour sa part, est évalué à 7 951 millions de dinars. L’autre annonce du ministre concerne la caisse de compensation qui va pouvoir, selon lui, profiter d’une enveloppe de 1570 millions de dinars. « Pas question que la caisse soit levée sur les catégories fragiles de la population », martèle-t-il, précisant qu’un travail d’enquête sera mené pour identifier ceux qui ont véritablement besoin de la compensation, à l’instar de ce qu’a affirmé Youssef Chahed. Le ministre confirme, à la fin, la hausse de la TVA d’un point pour les trois taux : de 6 à 7%, de 12 à 13% et de 19 à 20%.