Tout d’abord, Yasmine c’est avant tout une voix sensuelle, rocailleuse et énivrante. Ses vocalises rappellent celles de Souad Massi, avec laquelle elle partage ses enivrantes envolées lyriques. Yasmine chante l’amour, un amour qui se vit comme un calvaire mais aussi une délivrance : « […] une fleur de sa saison, quel gaspillage si elle séchait » susurre-t-elle. Une brune chic avec un keffieh écharpe rouge, une aristocrate révolutionnaire, telle est l’image qui se dégage de son premier album solo Ya nass (Oh peuple ! ou Oh gens !).
Ce recueil sans écueils est un mélange enivrant de l’âme du Moyen-Orient, de nappes électroniques et de son esprit résolument rebelle. Toutes les inspirations de Yasmine semblent s’être déversées dans cet opus : musique de films égyptiens classiques, sonates de Bach, accents arabes, enfance en perpétuel mouvement. Née au milieu de la guerre civile libanaise, fille d’un ingénieur civil, elle a également vécu à Abou Dhabi, en Grèce ou encore au Koweït. Cet éclectisme géographique semble avoir eu une incidence musicale. Et sans doute amoureuse puisque qu’elle est mariée au cinéaste connu et reconnu Elia Suleiman.
Ya Nass offre une large introduction à la musique évocatrice de Hamdan, mais c’est aussi l’aboutissement de nombreuses années d’expériences. Elle a commencé à faire de la musique à la fin des années 1990 à Beyrouth, dans Soapkills duo indie avec un ami de collège Zeid Hamdan (aucun lien de parenté). L’air agité des guerres civiles semble infuser dans le travail de Hamdan de même que ses sources d’inspirations occidentales (PJ Harvey , Etta James , Jeff Buckley , Portishead) et orientales Fayrouz, Mohammed Abdel Wahab Oum Kalthoum, Warda, Leila Mourad…
Loin de pousser à une saturation auditive, Ya nass fourmille d’idées, de sons et surtout permet à Yasmine Hamdan de déployer son immense talent que le duo Soapkills semblait, quelque part, refreiner. Bonne nouvelle, Yasmine sera en concert en Tunisie fin mars. Et sur scène, sa musique est encore plus intense.
Farouk Bahri