A la mémoire des martyrs de Sakiet Sidi Youssef: Les dessous d’une mission de « bons offices »

Par Fayçal Chérif

Depuis le déclenchement de la Révolution algérienne le 1er novembre 1954, la Tunisie était devenue, surtout après son indépendance en 1956, l’arrière-garde logistique, politique et armée de l’Algérie. Le voisinage historique ainsi que les données géostratégiques dictèrent une nouvelle perspective qui consistait essentiellement à aider discrètement la révolution algérienne tout en utilisant cette carte pour faire pression sur la France afin d’obtenir la totale souveraineté territoriale de la Tunisie. Mais sur le principe, Bourguiba avait toujours plaidé en faveur de l’indépendance du Maghreb mais par étapes et la décolonisation était bien engagée après la cuisante défaite française de Dien Bien Phû en 1954, et plus particulièrement après l’indépendance tunisienne et marocaine en 1956.

 

Aux origines du bombardement du 8 février 1958

En cette année 1958, la guerre d’Algérie entamait sa quatrième année. L’arrière-garde de la rébellion se situait bien sur la ligne frontalière montagneuse tuniso-algérienne, s’étendant sur plus de 200 km, mais plus axée dans les régions montagneuses de Kroumirie : la zone échappait au contrôle de la France et ce, en dépit de l’édification de la ligne Challe-Morice. : (La Ligne Challe : ligne de défense armée entre l’Algérie et la Tunisie, avait doublé en 1959, la ligne Morice construite à partir de juillet 1957. Elle est l’œuvre du général Morice Challe, commandant en chef en Algérie entre décembre 1958 et mars 1960. Hérissée de barbelés, minée, surveillée en permanence, on estime qu’il y reste plusieurs centaines de milliers de mines non désactivées).

Il est à signaler que pour épauler la rébellion algérienne, dont de nombreux réfugiés étaient sur le sol tunisien, les embuscades, tirs, incursions étaient des pratiques quasi quotidiennes. L’armée française, stationnée en Algérie, avait la maîtrise absolue de l’air et disposait d’armes lourdes et beaucoup plus sophistiquées que celles en possession de la Garde nationale tunisienne ou celles des rebelles algériens.  Le combat n’était pas à armes égales, mais la connaissance du terrain et l’effet de surprise étaient du côté des Tunisiens et des Algériens.

Les causes « directes » du bombardement du 8 février 1958

Le 2 janvier 1958, des accrochages se produisirent entre les rebelles algériens et l’armée française : 4 soldats français étaient capturés et ramenés dans la région du Kef (selon les sources françaises). Félix Gaillard, Président du Conseil, chargea le Général Duchalet de porter un message à Bourguiba, ce dernier refusa de le recevoir, car il le considérait comme un « militaire qui avait combattu les Fellagas ». Bourguiba ne mâchera pas ses mots en déclarant à la presse « La France doit comprendre qu’un Général pour appuyer une protestation, ou une frégate pour soutenir une politique, tout cela doit prendre fin. Si l’action continue, je demanderai l’installation d’un régiment de l’ONU aux frontières ». Ces paroles n’étaient guère du goût des autorités françaises. L’internationalisation du conflit n’était point à l’ordre du jour et l’Algérie devait demeurer « française ».

Le deuxième incident, « spectaculaire » cette fois-ci, se produisit le 11 janvier 1958. Ce jour-là, des unités de l’ALN (Armée de libération nationale) algérienne, venant de Tunisie et assistées par des Tunisiens, anéantissent à l’aide d’armes lourdes, une patrouille française de 19 soldats sur les 43 qui composaient la troisième section du commando de la 12e compagnie du 3/23e RI (lire : Régiment d’Infanterie). 14 soldats furent tués et 5 faits prisonniers. Cette embuscade fut un coup très dur et démoralisa les troupes françaises. L’armée française prit au sérieux ce revers en ce début d’année 1958. Après cette opération, les rebelles durent se retrancher dans le village de Sakiet Sidi Youssef.

Venons-en au 8 février 1958, à Sakiet Sidi Youssef, un 30e incident se produisit. Il s’agissait d’un avion français touché à 9h05 du matin par une mitrailleuse postée dans le village de Sakiet. L’avion dût se poser en catastrophe à Tebessa. C’était devenu, d’après les autorités françaises, « insupportable ».

Le Général Edmond Jouhaud, commandant de la 5e Région aérienne, décide d’effectuer un raid de représailles et demande à Gaillard (Président du Conseil) et Jacques Chaban Delmas (ministre de la Défense) l’autorisation de riposter. 25 avions, dont 11 bombardiers B26 du GB 91 et 12 chasseurs NA. T6 de l’EALA 12/72 décollant de la base aérienne de Bône (Annaba actuelle) en direction de Sakiet Sidi Youssef. Ce samedi 8 février était le jour du marché du village, la foule était dense. Les militaires français prétendent que cette opération n’a ciblé en fait que des cantonnements de rebelles algériens et de postes de gendarmerie ainsi que la mine dans laquelle se réfugiaient les rebelles.

 

Bilan lourd auprès des civils tunisiens

En fait, selon Georges Hoffman, représentant du croissant rouge, le bilan fut lourd :  destruction de 96 maisons, une école primaire, destruction du service forestier (région des mines) des habitations de militaires tunisiens, de 5 voitures civiles et militaires et deux camions dont l’un appartenait à la Croix Rouge et le deuxième au Croissant Rouge. Sur le plan des dégâts humains il y eut 72 morts (dont des enfants et de personnes âgées) et de nombreux blessés estimés à 84.

 

La réaction des autorités tunisiennes et du monde face au crime

Le jour même, Bourguiba prononça un discours dans lequel se mêla indignation et promesse d’internationaliser la question. Dans son discours du 8 février entre 10h10 et 10h35 le ton indigné du Chef du gouvernement prononcé à chaud dénote une ferme condamnation de cet acte : « Durant une heure environ, des bombardiers ont jeté des bombes sur Sakiet Sidi Youssef et ses environs, y compris l’école et le marché, puisque c’était le jour du marché. Puis, ils sont rentrés saufs se considérant victorieux, puisqu’ils ont détruit un village et tué des femmes, des enfants et des écoliers etc…, tous Tunisiens(….). Ils attaquent, ils tuent, et font une boucherie ; une boucherie un jour de marché.

… Soyez persuadés, que cet événement aboutira, donnera un résultat important, c’est à dire, sera très utile à la Tunisie, à la cause algérienne et à celle de l’ensemble de l’Afrique du Nord. Il n’est pas un combat, une agression commise par la France contre nous, qui n’ait tourné pas à ses dépens finalement, et dont elle ne soit sortie les mains vides(…).

En signe de deuil, la fête de l’indépendance du 20 mars 1956 fut annulée. Le 10 février le Conseil constitutionnel condamne l’acte et défend la position de Bourguiba dans la crise. Le jour même, la Tunisie convoqua son ambassadeur à Paris, en signe de protestation.

Comme réaction immédiate aussi, les autorités tunisiennes décidèrent d’évacuer toute la population française de Sbeïtla (55 familles en tout), les négociations franco-tunisiennes furent rompues, il y eut même coupure des lignes téléphoniques de l’ambassade de France, les consuls de France des 5 gouvernorats furent priés de quitter le pays.

Bourguiba ordonna de couper le ravitaillement des troupes françaises stationnées en Tunisie (22.000 à cette date) et de refuser l’accès au port de Bizerte aux navires français. Une grève générale fut annoncée et de nombreuses manifestations populaires de solidarité se déroulèrent dans le pays entier. Bourguiba encourageait les mouvements populaires de rues. Il était unanimement soutenu par son opinion publique. Et pour rendre compte au monde entier sur la vileté du crime, les autorités tunisiennes organisèrent des visites guidées aux journalistes du monde entier venus témoigner de l’agression faite sur le village décrite à l’époque comme, vindicative, barbare et sauvage.

Dans le monde arabe, l’Egypte fut le premier pays à proposer son aide aux victimes, la Syrie et le Maroc (au nom de Mohammed V) exprimèrent leur solidarité absolue à la Tunisie.

 

Comment l’affaire de Sakiet Sidi Youssef a été contenue par la mission de bons offices : « Murphy-Beeley » ?

Dans les trois jours qui suivirent le bombardement, la question devait être exposée devant  l’ONU. La Tunisie étant un pays indépendant et souverain, cette agression et quels que fussent les justificatifs ne pouvant conduire à une tuerie de civils innocents. D’autre part, le camp occidental tout entier était venu à la rescousse de la France, il fallait sauver la face, sinon le bloc de l’Union des républiques soviétiques profiterait largement de cet incident pour dénoncer le capitalisme et l’impérialisme occidental. La question risquait de devenir un véritable enjeu idéologique et une remise en cause de l’impérialisme colonial. Un seul mot d’ordre à l’époque : contenir la crise, même en procédant à des concessions douloureuses. Pour autant, il fallait l’intervention de tiers qui peuvent forcer les deux camps à faire des concessions et aboutir à des solutions qui devront satisfaire les deux parties.

La mission Murphy et Beeley : les dessous des négociations

Il est tout de même significatif que la Tunisie n’ait pas présenté une plainte aux Nations-Unies dans les 3 jours qui ont suivi le bombardement. Les négociations dans les coulisses pour contenir le conflit étaient en marche, ce qui permettra aux Etats-Unis et à la Grande Bretagne d’engager leur mission de bons offices.

Les tractations étaient longues et difficiles, car il s’agissait de remettre en question la présence militaire française sur le sol tunisien. Il faut souligner à la fois l’âpreté des négociations engagées et son caractère secret. Un véritable marathon diplomatique a été initié par les deux ministres Murphy et Beeley afin de minimiser l’ampleur de la crise.

Pour se rendre compte de l’importance et de la délicate mission de bons offices, un télégramme chiffré en date du 17 mars 1958, va nous éclairer sur la démarche entreprise par les Etats-Unis et la Grande Bretagne, pour sauver à la fois leur allié du bloc occidental, la France, et donner une partielle satisfaction à la Tunisie sans pour autant toucher la question algérienne. Afin d’étayer notre propos et mettre en exergue un fait peu connu, nous avons cru opportun de citer le document en entier. (Voir encadré).

 

L’impact de la crise de Sakiet Sidi Youssef

Le gouvernement de Félix Gaillard, n’a pas pu surmonter la crise, car au lieu de contenir la question algérienne, la maladresse commise de bombarder Sakiet, internationalisa du coup cette cause qui fut, dès lors, mise à l’ordre du jour aux Nations-Unies. La IVe République était agonisante et jusqu’à fin avril, la France demeura sans gouvernement : l’impact des événements de Sakiet Sidi Youssef était pour beaucoup dans ce chaos politique que traversait la France, ce fut le coup de grâce infligé au gouvernement.

En guise de représailles contre le bombardement de Sakiet Sidi Youssef, le 29 avril 1958, le FLN, décida d’exécuter les quatre prisonniers français détenus depuis le 11 janvier. Pour donner une idée claire sur les ramifications de l’affaire de Sakiet Sidi Youssef particulièrement politiques, le document d’archive (Voir encadré) récapitule l’essentiel de l’impact de l’affaire et le talent de Bourguiba à lui donner une teneur et une portée à la fois affective et politique, l’exploitant au mieux à son profit ainsi qu’à la Tunisie.

L’Ambassadeur de France en Grande-Bretagne adressa, le 25 février 1958 à Christian Pineau, Directeur général des Affaires tunisiennes et marocaines un rapport « à chaud », fort éloquent qui se passe de tout commentaire sur l’impact de l’affaire et le rehaussement du prestige de Bourguiba et de la Tunisie après le bombardement de Sakiet Sidi Youssef.

L’incident de Sakiet Sidi Youssef a été extraordinairement exploité par Habib Bourguiba et son gouvernement. La diplomatie tunisienne était des plus actives au point que deux puissances internationales : les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont pesé de tous leurs poids afin d’atténuer la teneur de la crise et éviter son internationalisation.

Mais, au fond, pour le jeune Etat tunisien, cette crise confirma en outre la stratégie de Bourguiba de mettre l’armée nationale tunisienne sous la coupe des dirigeants politiques. A cet effet, la diplomatie joua dans cette crise une activité de premier plan afin d’éviter de détériorer les relations politiques franco-tunisienne et éviter que la Tunisie bascule dans le camp socialiste.

 

Conclusion

D’après ce bref exposé de cette grande crise diplomatique entre la France et la Tunisie, transparaît clairement le rôle capital de la diplomatie en temps de crises. Celle-ci est une arme redoutable, elle est fortement perceptible et efficace au moment des grandes crises où les dérives guerrières sont imminentes. Son rôle est déterminant surtout dans l’équilibre des forces de la scène internationale. La crise de Sakiet Sidi Youssef, intimement liée à la question de la guerre d’indépendance algérienne, a été résolue grâce à l’intervention énergique de la diplomatie américaine et britannique. Aussi, faut-il avoir recours dans le monde diplomatique à des personnalités de premier plan et qui ont du crédit. Pour le cas de la Tunisie, Murphy était un personnage historique, ses relations avec la Tunisie remontent à 1942 pendant la seconde Guerre mondiale. Il pouvait avoir de l’influence sur le président Bourguiba, car ils étaient liés d’amitié, comme avec Hooker Doolittle consul américain à Tunis. Les relations personnelles en diplomatie sont parfois décisives pour désamorcer des conflits et garantir la réussite des négociations.

 

 

Document

« Selon les indications qui auraient été données il y a quelques jours par M. Jones et M. Malcon à l’ambassade d’Allemagne, les ambassadeurs des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne auraient évoqué dans leurs rapports à leurs départements, la possibilité de faire, dans le cadre de bons offices, les propositions suivantes :

Mise en place d’un dispositif de contrôle de frontière ;

Evacuation rapide, par les forces françaises de tout le territoire tunisien sauf Bizerte. Dès l’annonce de l’évacuation, les forces armées françaises retrouveraient leur liberté de mouvement en Tunisie, à l’exception de la zone de Bizerte ;

Bizerte : Une négociation franco-tunisienne serait engagée en vue de définir, pour la base, un statut provisoire en attendant la conclusion du « Pacte Méditerranéen » dont l’idée a été lancée par le Gouvernement français. Dès la fin de l’évacuation du territoire tunisien, les forces françaises à Bizerte seraient de nouveau admises à circuler librement dans le périmètre de la base. Ce périmètre d’après ce que m’a précisé M. Beeley, comprendrait toutes les installations françaises de Bizerte, notamment la région du Djebel Ichkeul.

Aérodromes : Les Tunisiens, non sans difficultés, auraient finalement donné leur accord pour que les ambassadeurs des Etats-Unis et du Royaume-Uni à Tunis, qui auraient la responsabilité de vérifier que les Tunisiens ne soient pas utilisés par le FLN, demandent eux-mêmes à un pays neutre de désigner des observateurs. Ce pays pourrait être la Suisse. Les observateurs devraient appartenir au personnel de la légation suisse, mais pourraient résider en permanence à Gabès ou à Sfax où à un contrôle continu sera exercé. Pour Gafsa et Remada, où des obstacles seraient élevés sur les pistes pour les rendre inutilisables, les observateurs se borneraient à s’assurer à intervalles réguliers, que les terrains demeurent hors d’usage. (…) ;

Contrôle de la frontière : Les Tunisiens ont opposé un refus absolu aux demandes de M. Murphy et Beeley qui n’ont d’ailleurs pas poussé à fond sur ce point ; ils avaient le sentiment qu’il ne s’agissait pas d’une exigence absolue de la part du Gouvernement français, celui-ci étant en mesure d’assurer plus efficacement, par des dispositions adéquates en territoire algérien, l’imperméabilité de la frontière ;

Consuls : Les consulats demeureraient provisoirement fermés en attendant la négociation d’une convention consulaire qui reprendrait la question. Jusque-là la conclusion de cette convention, le Gouvernement tunisien serait d’accord pour que la compétence des consulats demeurés ouverts fût étendue aux circonscriptions de Gabès, Gafsa, Souk-el-Arba et Medjez-el-Bab.

Français éloignés ou expulsés : La question serait à discuter entre les Gouvernements français et tunisien, ce dernier n’ayant pas voulu prendre, à cet égard, des engagements précis.

  1. Beeley m’a déclaré qu’il n’était, de même que son collègue, refusé de discuter le problème algérien. L’un et l‘autre ont, d’autre part, décliné une invitation des Tunisiens à se rendre à Sakiet.

 

L’issue des missions de bons offices Murphy- Beeley

Mon interlocuteur a instamment demandé que ces informations demeurent absolument confidentielles. M. BOURGUIBA pour qui il a accepté les formulations mentionnées ci-dessus représente un recul par rapport aux positions qu’il a prises publiquement, a fait valoir que, si elles viennent à être connues, les résultats obtenus seraient remis en question.

  1. Beeley ne m’a pas caché son sentiment que la mission de bons offices avait franchi une étape. Du côté tunisien on avait vivement insisté pour que les diverses questions à négocier, au cas où le Gouvernement français accepterait les lignes générales exposées plus haut, fussent discutées à quatre. Les deux envoyés n’y sont pas opposés en rappelant que l’un des buts de leurs bons offices demeurent disponibles au cas où les échanges de vues franco-tunisiens se heurteraient à des difficultés insurmontables. En tout état de cause, les bons offices, si besoin en était, pourraient bien aussi de l’avis de M. Beeley, être assurés par le canal des ambassades américaine et britannique à Tunis ou à Paris. Ils étaient en effet, le fait des gouvernements de Londres et de Washington qui avaient délégué des envoyés spéciaux pour la phase initiale.

Le Sous-Secrétaire d’Etat adjoint au Foreign Office estime que, sans être entièrement satisfaisants, les résultats obtenus n’en sont pas moins très appréciables. Le fait qu’ils aient pu être consignés dans un document agréé par les Tunisiens en soulignant, m’a-t-il dit, la portée.

A la lumière des observations que j’ai été moi-même en mesure de faire au cours des dernières semaines, je suis enclin à partager ce sentiment. Comme je l’ai indiqué dans mes communications précédentes, l’objectif de M. Bourguiba demeure un règlement du problème algérien. Que le président soit revenu, depuis quarante-huit heures sur ses positions extrêmes, et qu’il ait donné son accord à des formules de nature, le cas échéant, à résoudre dans l’immédiat certains des points les plus aigus du contentieux franco-tunisien, donne à penser qu’il souhaite marquer un temps d’arrêt. Il n’est pas non plus indifférent de noter que, contrairement aux commentaires officieux publiés dans plusieurs organes de la presse tunisienne, l’idée du Pacte-Méditerranéen ne paraît pas systématiquement rejetée.

Il n’était revenu que certains éléments tunisiens auraient été jusqu’à souhaiter voir leur pays s’engager dans le conflit aux côtés des Algériens en provoquant au besoin des incidents avec l’armée française en Tunisie.

La suite donnée par le Gouvernement tunisien à la mission de bons offices tendrait à prouver que M. Bourguiba n’a pas suivi les avis des plus extrémistes de ses conseillers, qui le poussaient à ne pas reculer devant l’aventure et à faire d’un soutien actif au FLN le facteur dominant de sa politique, en rejetant toute solution partielle des problèmes nord-africains.

                                                                                              Signé Bernard. » 1

*Tels sont les grands traits mis en avant par les Britanniques et les Américains pour contenir la crise et sauver la face de la France. Quelques révisions ainsi que les modalités d’exécution seront au cœur des pourparlers engagés pour la suite. Et c’est sur cette base, citée dans le document, qu’un compromis eut lieu et donna satisfaction aussi bien à la Tunisie qu’à la France.

 

Notes

1 Centre des archives diplomatiques de nantes (CADN), Série ambassade, sous-série Tunisie, carton 10. De l’ambassade de France à Tunis à la Diplomatie de Paris, télégramme n° 2442 à 2458, du 17 mars 1958.

 

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