Depuis l’annonce de son audition par l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple), Rached Ghannouchi, qui préside l’institution de Bardo pour le meilleur et pour le pire, semble avoir pris conscience de la difficulté de l’exercice qui l’attend devant les députés. Les derniers agissements du chef du parti islamiste, outrepassant ses prérogatives de président de l’ARP, ont créé une polémique grandissante.
Aujourd’hui, Rached Ghannouchi – ou plutôt son équipe de communication – veut montrer qu’il s’est assagi et qu’il respecte, à présent, ses limites. On apprend, selon un enchaînement de communiqués de l’ARP ce lundi 25 mai 2020, que Rached Ghannouchi a téléphoné au président de la République, Kaïes Saïed, et au Chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, à l’occasion de l’Aïd Al Fitr et pour discuter des dossiers chauds de l’actualité. Notons que la présidence de la République n’a émis aucun communiqué sur cette conversation téléphonique, et ce n’est pas sans rappeler le semblant de tension qui règne entre les deux hommes.
Toujours en cette seconde journée de l’Aïd Al Fitr, le président de l’ARP a aussi téléphoné au secrétaire général du Conseil Maghrébin de la Choura, Saïed Mokadam, toujours à l’occasion de l’Aïd Al Fitr. C’était, aussi, l’occasion pour Rached Ghannouchi d’insister sur l’importance « de renforcer les liens entre les parlements en vue de servir le peuple maghrébin ». C’est ce qui est indiqué dans le communiqué de l’ARP.
En d’autres termes, à l’approche de son audition explosive et risquée, le Cheikh semble vouloir rectifier le tir ou, à défaut, limiter les dégâts, en insistant sur le fait qu’il respecte ses limites en tant que président de l’ARP. C’est comme si l’on l’entendait scander : »regardez-moi, je travaille et je suis en règles ! ». Une tentative désespérée de faire oublier les bavures des dernières semaines avant le grand et périlleux oral du 3 juin 2020.
C’est raté.
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