C’est comme si l’histoire se répétait avec Nidaa Tounes : à l’approche des échéances électorales de 2019, le parti s’est à nouveau focalisé sur sa cible d’antan, Ennahdha. Dans son intervention sur la chaîne Tounesna, le dirigeant nidaïste Abdelaziz Kotti a lâché une vague déferlante de critiques adressées au parti islamiste.
« Ennahdha est aux commandes du parti de Youssef Chahed. C’est le fils de Rached Ghannouchi et le gendre du « Guide Suprême », Rafik Bouchleka, qui sont les initiateurs de ce nouveau parti », a lâché Kotti, qui poursuit en affirmant que le parti islamiste a la mainmise sur la justice et qu’il oeuvre en l’absence totale de démocratie.
Ces déclarations ne sont pas sans rappeler celles des nidaïstes de l’avant 2014, lorsqu’ils s’étaient donnés à cœur joie pour s’attaquer au Cheikh Ghannouchi et à sa troupe. Il est vrai que beaucoup de questions ont le mérite d’être posées au sujet du parti islamiste, surtout en ce qui concerne les accusations qui pèsent sur lui au sujet de l’appareil secret et de l’embrigadement des jeunes pour le djihad.
Cependant, ce qu’Abdelaziz Kotti et les nidaïstes semblent avoir oublié, c’est que les tunisiens en ont plus qu’assez de cette chanson anti-Ennahdha. Sentant le danger guetter son parti, le président de la République lui-même, Béji Caïd Essebsi, a décidé d’adopter le même discours de ce qui reste de son parti. Il l’a clairement exprimé dans son dernier entretien accordé à Al-Arab, dans lequel il a assuré que le parti de Youssef Chahed est secrètement soutenu par Ennahdha et que ce dernier doit faire l’objet d’une enquête au sujet des accusations qui pèsent sur lui.
Pourquoi avoir choisi de s’exprimer aujourd’hui, à quelques mois seulement des élections législatives et présidentielles ? Pourquoi avoir attendu près de 5 ans pour évoquer, enfin, la possible implication d’Ennahdha dans les réseaux d’embrigadement des jeunes pour le djihad ? Ce qui est certain, c’est que Nidaa Tounes, ou plutôt ses miettes, ne sait plus sur quel pied danser, au point que son père fondateur, Béji Caïd Essebsi, a décidé d’intervenir, oubliant qu’il a devoir de rester à égale distance de tous les partis politiques en tant que président de la République.
Il est important de lever le voile sur la vérité au sujet de l’appareil secret d’Ennahdha et de son implication dans l’embrigadement des jeunes au djihad. Néanmoins, nous aurions aimé entendre Nidaa Tounes nous parler de son programme économique et à son « plan de sauvetage » du pays qui se résumerait, à en entendre les déclarations de ses dirigeants, au départ du gouvernement Chahed et à traduire Ennahdha devant la Justice.
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