À quand les élections des conseils des métiers ?

 

Par Anis Somai

 

Tout comme les élections des huit chambres de commerce et  d’industrie dans les régions en Tunisie, prévues initialement pour le 29 décembre 2013, entravées puis annulées par une décision en référé du tribunal administratif en date du 09 décembre 2013, les élections  des conseils des métiers dans les gouvernorats ont subi presque le même sort et sont restées depuis février 2013 jusqu’à aujourd’hui lettre morte. Il faut dire que, ni les professionnels, ni le ministère de tutelle (commerce et artisanat), n’ont vraiment cherché à faire aboutir ce processus. Retour sur un échec et une bizarrerie provoqués par le repli de l’État.

 

 

Qu’est ce que le conseil du métier ?

Le conseil des métiers et la fonction d’« Amine » (arbitre, expert) ne sont pas nouveaux. Ils ont été institués depuis l’année 1986 par le biais de la loi 62 puis par la loi 15 de l’année 2005. Ils visent l’organisation des secteurs des métiers et l’élection d’un « Amine » de la profession pour chaque branche d’activité appartenant aux métiers et professions. En vertu de ces lois, est créé un conseil de la profession et une fonction d’amine dans les secteurs des activités d’artisanat traditionnel et artistique des petits métiers tels que définis par la réglementation en vigueur ainsi que leurs compétences territoriales qui peut être limitée à un souk déterminé ou un périmètre communal, à une délégation ou à un gouvernorat selon la densité de l’activité artisanale considérée. Le conseil de la profession veille à la promotion de l’activité artisanale ainsi qu’à la sauvegarde de l’aspect urbanistique et architectural des souks et de leurs spécialisations. En tout cas, vu l’état de nos souks artisanaux aujourd’hui, les conseils des métiers sont bien nécessaires voire indispensables…

Quant à l’Amine de la profession, il doit être un expert et un estimateur chargé de donner son avis, d’arbitrer et de procéder à toute expertise en vue d’évaluer les produits de l’artisanat traditionnel. L’Amine doit être un professionnel assermenté devant le tribunal de première instance dont il relève.

Retard puis oubli

En application de la loi 15 de l’année 2005 et du décret 66 de l’année 2006 et 397 de la même année, les gouverneurs des régions, présidents des conseils régionaux ont fait apparaître et afficher, en février 2013,  un communiqué public à l’adresse des professionnels de l’artisanat et des métiers afin de les informer de la tenue prochaine des élections des conseils  des métiers et l’institution de la fonction d’Amine. Les élections étaient prévues pour le mois de juin 2013 et l’affichage public était censé durer 3 mois. Les spécialités des conseils ont été fixées comme suit : sculpture sur pierre, forge artistique, broderie artisanale, poterie, confection des nattes, joaillerie traditionnelle, tissage artisanal, menuiserie et ébénisterie artisanale.  

Mais surprise ; nul n’a postulé ni ne s’est même présenté pour information ; personne ne s’y intéresse. Les autorités ont attendu mais rien ne s’est passé. Aucune candidature n’est déposée. Le désengagement de l’État a fait des émules.

Depuis, les autorités ont mis le dossier aux oubliettes sans même essayer d’organiser des réunions de professionnels pour essayer de comprendre pourquoi une telle indifférence. Dans le même sens, les autorités n’ont même pas essayé de contacter les organisations nationales en relation avec le dossier, à savoir l’UTICA. Il semblerait bien que le sort des métiers artisanaux est de plus en plus scellé. Les gouverneurs dans les régions ont bien rapporté au ministère de tutelle (commerce et artisanat) que l’opération a échoué mais ce dernier ne s’est pas manifesté. Rien ne semble déranger ce silence de cimetière.

 

 

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