A quand les états généraux des transports ?

 

Par Ridha Lahmar

Ce qui se passe actuellement dans le secteur des transports est inconscient, irresponsable et condamnable, notamment la grève illégale et injustifiée des employés de la TRANSTU. En effet, l’économie tunisienne est en péril, car la fragilité du secteur des transports ne date pas d’aujourd’hui mais dure depuis vingt ans durant lesquels on a procédé à des replâtrages qui n’ont pas tenu le coup.

Pire, il n’y a pas de vision stratégique du secteur à moyen et long termes. A court terme, on continue à bricoler.e qui se passe actuellement dans le secteur des transports est inconscient, irresponsable et condamnable, notamment la grève illégale et injustifiée des employés de la TRANSTU. En effet, l’économie tunisienne est en péril, car la fragilité du secteur des transports ne date pas d’aujourd’hui mais dure depuis vingt ans durant lesquels on a procédé à des replâtrages qui n’ont pas tenu le coup.

La grève surprise déclenchée par le personnel de la TRANSTU qui a paralysé durant plusieurs jours un million de travailleurs et plusieurs centaines d’entreprises et d’institutions suite à la paralysie du TGM, des bus jaunes et du métro, a pris en otage les usagers, elle dénote la négation du sens du service public et le mépris des intérêts de la nation.

Cela témoigne du fait que l’UGTT est dépassée et débordée par sa base : elle ne maîtrise plus ses troupes et n’a plus l’impact nécessaire sur ses structures régionales et sectorielles.

Pour ce qui est du motif de cette grève illimitée qui coûte à la nation plusieurs centaines de millions de dinars de pertes sèches par jour, il n’est pas soutenable pour plusieurs raisons.

La prime de production ou plutôt de productivité n’est pas justifiée dans une entreprise déficitaire, en difficulté financière, où la maintenance est défaillante du fait que 20 à 30% du parc est immobilisé, où l’absentéisme est élevé, où le “resquillage” bat son plein. Tout cela engendre une qualité de service déplorable avec des retards et un encombrement insupportable. Une étude a mentionné qu’il y a une densité de 9 passagers par mètre carré aux heures de pointe et une vitesse moyenne de 7 à 8 km à l’heure.

Dans le Grand Tunis, le réseau de transport public en commun est décousu et éparpillé entre 4 types de transport non compatibles : le réseau du métro avec ses six lignes, le réseau du TGM qui dessert la banlieue nord, le réseau ferré électrifié de la SNCFT qui dessert exclusivement la banlieue sud et enfin le réseau très ramifié et relativement souple des “bus jaunes”. C’est dire le calvaire subi par les passagers de la TRANSTU dont le taux d’intégration est égal à zéro. En effet, parler de transport multimodal est une vue de l’esprit.

Le projet de RFR ou réseau électrique express régional est conçu pour être un facteur structurant, grâce à sa capacité de transport de masse, de transport sécurisé avec une vitesse de 40 km/heure, ne sera achevé que dans 5 ans. Le réseau qui comporte 5 lignes d’une longueur totale de 50 km permettra de résoudre quelques difficultés.

La situation dans le secteur de transport en commun privé n’est pas plus brillante, car il n’a pas évolué depuis dix ans, les circuits n’ont pas été actualisés, les tarifs n’ont pas été revus, le parc a vieilli et la qualité des services a régressé.

Le personnel des trois sociétés privées prévoit une grève à la fin de ce mois pour des augmentations de salaires, car il a l’impression d’être exploité par des patrons peu généreux.

Il en est de même pour les sociétés régionales de transport de voyageurs qui souffrent de plusieurs maux. Les plus importantes comme celles de Sfax, Sousse et Nabeul connaissent des difficultés multiples.

Le parc de bus est vétuste et insuffisant, pas du tout homogène, ce qui constitue une difficulté supplémentaire et justifie en partie la défaillance de la maintenance. Toutes ces sociétés connaissent des difficultés financières avec un personnel pléthorique, un endettement lourd et des difficultés de trésorerie. Les tarifs sont bas, outre les problèmes de gouvernance et de gestion financière rigoureuse.

Il est devenu urgent de préparer et d’organiser les états généraux des transports, à l’instar de ce qui a été fait pour la santé pour mettre à plat tous les problèmes du secteur avec la participation des représentants de toutes les parties prenantes dont l’État, les investisseurs privés, les travailleurs (syndicats), sans oublier les principaux acteurs, à savoir les utilisateurs qu’on a tendance à oublier trop souvent. A ce propos, l’ODC a avantage à ce propos à adopter des comportements plus combatifs au sens noble du terme. Redéfinir le rôle de l’État et des investisseurs privés, revoir les tarifs, faire des employés des partenaires vis-à-vis des compagnies et des passagers.

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